mercredi 29 juillet 2015

Sécurité renforcée pour les dernières répétitions de "Il Trovatore"

Il est 23 heures, lundi. La répétition a commencé depuis une heure quand, soudain, le chef d'orchestre cesse toute activité et se tient l'épaule. Une pierre vient de le toucher et d'autres ont été projetées sur les musiciens et les chanteurs. Les projecteurs sont aussitôt braqués sur la colline, mais il est trop tard. Les malfaiteurs ont détalé. La répétition est immédiatement interrompue. Le chef d'orchestre rejoint sa loge et les musiciens rangent leurs instruments. Après quelques minutes d'attente, on demande au public de bien vouloir quitter les lieux. Devant le théâtre un véhicule du samu puis arrivée de la police. Quelle sera l'issue ? L'opéra va-t-il être maintenu ? Le lendemain, nous découvrons que la répétition est maintenue mais avant de commencer, un agent de sécurité prend la parole pour expliquer les mesures mises en œuvre pour assurer la protection des musiciens et du public jusqu'au 5 août : interdiction de l'accès à la colline, présence d'agents sur la colline aux abords du théâtre, etc..

Le public accueille chaleureusement le chef d'orchestre pour avoir accepté de continuer sa prestation malgré les incidents de la veille. Un grand merci à lui !

dimanche 26 juillet 2015

Les chorégies d'Orange. Opéra. "Carmen, une erreur de Casting" ?

Je sais. Mon texte ne va pas faire l'unanimité. Mais j'écris ce que je pense, comment j'ai ressenti Carmen, en tant que spectatrice qui a le droit de s'exprimer.

A quoi s'attendre quand on va écouter Carmen ? A entendre une voix, belle, avec des cordes vocales, des vraies, qui emplissent le théâtre et transportent des émotions. Et puis, on s'attend à une Carmen pleine de fougue, d'insolence et de verve. Une gitane sans vergogne et libérée. Mais où était cette Carmen ici, aux chorégies d'Orange ? Je l'ai attendue, en vain. Je n'ai eu qu'une Carmen insipide, "aseptisée", belle, certes, mais sans caractère. Enfin, une Carmen sans panache interprétée  par la mezzo-soprano Kate Aldrich dont la voix n'était pas toujours audible. Était-ce une erreur de casting ? N'y avait-t-il pas d'autres interprètes disponibles ? Quelques jours auparavant, par curiosité, j'ai surfé pour voir quelles étaient les  interprètes remarquées de Carmen et j'avais été séduite par la prestation, au Covent Garden, de l'italienne Anna Caterina Antonacci pleine de charisme, de sensualité, et d'énergie. Comme on peut se l'imaginer.
Cet opéra  dirigé par Mikko Franck dont l'entrain n'était pas vraiment perceptible, m'a paru long et pesant et si vous ajoutez une mise en scène minimaliste composée de cartes géantes posées sur la scène (mais j'ai trouvé l'idée originale) et des costumes noirs comme la mort, je dois avouer que je n'étais pas mécontente après trois heures de voir Carmen poignardée par Don José. Comment s'ennuyer pendant cet opéra ? Heureusement Jonas Kaufmann qui a une voix magnifique et un vrai talent d'acteur et Inva Mula pleine de sensibilité dans le rôle de Michaela ont atténué ma déception. Après la générale j'étais prête à revendre ma place pour la représentation. Je me suis finalement ravisée, avec le secret espoir que Kate Aldrich se glisserait enfin dans la peau de son personnage et que Mikko Franck se réveillerait et donnerait plus de vie à cet opéra. Tel ne fut pas le cas. Bientôt Il Trovatore. Wait and see !

Les chorégies d'Orange, Concert symphonique "MAKNIFIK"

Huit mille personnes assises, en silence, sur les gradins inconfortables du théâtre romain d'Orange. Au programme ce soir, un concert symphonique avec au programme Berlioz, Poulenc, Saint-Saëns, sous la direction de Myung Whun Chung. Dans la première partie, Berlioz, Le Carnaval Romain. Excellent mais nous attendons tous le concerto pour pianos et orchestre en ré mineur de Poulenc. Les deux pianistes arrivent Nicholas Angelich et Martha Argerich. Le public les acclame mais laisse percevoir sa préférence pour la pianiste argentine aux cheveux gris. La soirée est douce. Le mistral a cessé de souffler et les chauves-souris s'interdisent de traverser la scène pour ne pas rompre la magie de l'instant. Les notes montent légères sous la présence autoritaire d'Auguste. La musique parle à nos cœurs et à nos âmes et nous savourons cet instant de fusion. Trop court hélas. Nous aurions aimer les écouter encore et encore. Les deux pianistes sont ovationnés. Le public ne veut pas les laisser partir.
Et là, inattendu et grandiose, pour le Bis, ils interprètent une valse et romance à six mains de Sergueï Rachmaninov avec Myung Whun Chung lui même considéré comme un excellent pianiste. Nous avons le sentiment de vivre un moment unique et, à la fin du concert, un ami allemand mélomane averti en oublie la langue de Goethe et de bonheur s'exclame : MaknifiK, apsoloument maknifiK !