Ayélé, fille de l'ombre

Introduction

Roman sur le métissage dans la France des années 60. Roman sur le racisme y compris en Afrique. Un roman sur la vie, écrit simplement mais avec sincérité. Un roman où l'on retient ses larmes, où l'on éclate de rire, où l'on se révolte. Mais un roman résolument optimiste car jamais Ayélé, l'héroïne ne cèdera au découragement.

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Un Chapitre (#20)

Affranchie du joug conjugal, Marie-Éléonore m’attend un samedi après-midi, chez mère Denise, pour m’emmener chez elle. Elle habite un immeuble proche du parc de la tête d’Or, avec des plafonds à la française et des tentures sur les murs. Les meubles anciens que je n’ai vus qu’à la télévision, les livres méticuleusement classés et les tableaux qui me changent les calendriers des sapeurs-pompiers avec les sempiternels chiots dans leur panier, m’intimident fortement.
     Marie-Éléonore aime déguster son thé du Yunnan dans des tasses de porcelaine blanche cerclées d’or, confortablement installée sur une méridienne dans le petit salon. Face à elle, assise du bout des fesses dans un fauteuil trop profond pour moi, je transpire à l’idée des maladresses que je peux commettre, et elles sont nombreuses. Le tintement de ma tasse et de ma soucoupe, causé par le tremblement incontrôlable de mes mains, intensifie encore mon malaise. Je bois mon thé sans sucre pour ne pas utiliser de pince et refuse les pâtisseries qu’elle me tend pour ne pas avoir à résoudre l’impossible équation, tasse, assiette, couteau, fourchette, genoux, sourire. Je veux plaire à ma mère, cependant les cadres de photos d’où je suis exclue, me prouvent que ma place auprès d’elle n’est pas encore acquise.
     Cette première visite sera suivie de beaucoup d’autres et progressivement je m’installe dans sa vie. Quand elle n’est pas en voyage, ne voit pas ses parents où ne reçoit pas son amant, je suis admise à passer les fins de semaine avec elle. Sans être complètement détendue, je deviens toutefois moins gauche. J’affectionne par-dessus tout le cinéma car, dans l’obscurité, je peux baisser la garde, m’asseoir plus confortablement dans les sièges et même somnoler devant les films de Bergmann. Mais surtout, je ne suis pas obligée, avant chaque phrase, de réfléchir à la concordance des temps. Mes tests week-end réussis, Marie-Éléonore me propose de partir aux sports d’hiver pendant les vacances de Pâques. Depuis l’expérience de Chamonix, je n’ai jamais dépassé les vignes du Beaujolais. Le samedi de notre départ, elle m’habille de pied en cap, car hormis les robes qu’elle m’avait offertes, ma garde-robe est essentiellement composée des vêtements récupérés des filles Perlin. Je la regarde déposer nos emplettes dans le coffre de son coupé italien noir. Tout ça pour moi. Quel changement.
     Sur la route qui nous conduit dans un petit village près de Moutiers où habite son amie Martine, je lui demande qui d’autre nous allons rencontrer. Puis, je lui relate ma discussion avec mes nouveaux amis togolais et mon intention d’écrire à mon père. Elle se mure aussitôt dans un silence et se concentre sur la route. Malgré mes tentatives de lui arracher une réaction, elle demeure lointaine et inaccessible. En désespoir de cause, je décide d’observer le paysage.
     Martine me connaît déjà pour avoir accompagné Marie-Éléonore à Quincieux quand j’étais enfant. Christophe, son frère cardiologue, et Esther son épouse psychiatre, m’observent avec intérêt, en s’abstenant, comme il se doit, de tout commentaire. Le soir, pendant le dîner, – le « souper », c’est bon pour mère Denise ou les Québécois – je veille à tenir correctement ma cuillère, de lever mon coude et de ne pas laper mon potage. Le lendemain, vêtue de ma toute nouvelle combinaison de ski et mes lunettes de soleil sur le nez, je me sens prête à dévaler toutes les pistes de Courchevel avec mon moniteur particulier. Mon inexpérience et ma témérité font de moi en un réel danger pour les skieurs avérés. Après deux semaines dans un milieu qui n’est pas encore le mien, je suis heureuse de redevenir moi-même, loin de Marie-Éléonore qui n’a cessé de me surveiller du coin de l’œil et qui, plus d’une fois m’a laissée seule pour aller dîner avec ses amis.
     Au lycée, mon teint bronzé fait des envieux, malgré moi. Peu d’élèves partent aux sports d’hiver et moins encore à Courchevel 1850, plus précisément. Je ne connaissais pas cette station auparavant, mais je comprends à la façon dont on me regarde qu’il vaut mieux skier à Courchevel, plutôt qu’aux 7 Laux.
 

Commentaires:

J'ai lu ce livre en une semaine pendant mes trajets en train. il est fabuleux, l'auteur m'a fait passer par tout les sentiments, j'ai ris, j'ai pleuré, j'ai eu envie de casser la gueule à celui qui lui faisait du mal en bref je me suis régalé en lisant ce livre. Un seul regret, la fin trop courte, j'aurai voulu quelle profite de cet homme qui la rendait heureuse enfin après une dur vie. Bon maintenant je n'attend qu'une chose, c'est le prochain roman de l'auteur et encore merci.  

C'est vrai qu'on ne le lâche plus, ce livre, dès qu'on l'a commencé. On attend le moment où Ayélé va enfin être heureuse... Fille de l'ombre, avec une grande richesse intérieure, beaucoup d'intelligence et de sensibilité. Et des pointes d'auto-dérision émouvantes. Ce roman ne peut pas laisser indifférent. 

Présentation de l’ouvrage

Née dans les années 60 dans une famille bourgeoise, Ayélé est confiée dès sa naissance et sur ordre de sa grand-mère maternelle, à une famille de paysans. Personne, surtout pas son grand-père défenseur de l'Apartheid et sympathisant du FN, ne doit découvrir cette enfant.

Proie facile à cause de sa couleur et du détachement de ses parents, Ayélé est victime d'expériences racistes à l'école et d'abus sexuels dans sa famille d'adoption. Pour moins souffrir, elle se crée un monde imaginaire, s'invente des langues et accompagne Youri Gagarine dans l'espace.

Quelques années plus tard, sa vraie famille lui entrouvre la porte de la maison, mais Ayélé se heurte à sa mère, puis à sa grand-mère, qui, frustrée de ne pas avoir pu étudier à l'université, vit par procuration la réussite professionnelle de sa fille et use de toutes les humiliations pour éloigner cette petite-fille trop noire. Son père, un artiste de renommée internationale, maintient Ayélé dans l'ombre pour ne pas égratigner un couple géré de main de fer par son épouse.

Rejetée par ses deux parents, Ayélé se reconnaît dans les minorités, fréquente assidûment les étudiants africains et décide de s'installer au Sénégal, où, pense-t-elle, sa couleur sa couleur n’aura plus d’importance. Mais très tôt, elle décèle à Dakar un racisme sournois et un environnement trop souvent hypocrite et opportuniste.

Lors d'un symposium médical, Ayélé rencontre un biologiste allemand. Auprès de lui, elle découvre ce qu'elle a toujours recherché : amour et reconnaissance. Il lui apprend à aimer sa couleur, fait naître en elle la fierté d'être métisse et loue son double apport culturel. Guidée et rassérénée, Ayélé incarne un monde en mutation, où races et frontières s'estompent.

Texte de quatrième de couverture


Auguste Durand, mon grand-père, déteste les Noirs et les artistes.
Adèle Durand, ma grand-mère, déteste les Noirs, mais aime les scientifiques.
Marie-Eléonore, ma mère, aime ses parents, devient scientifique et épouse un chercheur français.
Et pourtant, je suis métisse et mon père est Noir et artiste...
Un ton,
Un éclairage,
De l'acuité dans l'analyse,
Un sujet douloureux et complexe, mais traité dans l'élégance, grâce d'ailleurs à un humour incisif, présent ou sous-jacent.

Mots clés: Rassisme, abus sexuel sur un enfant, viol, métisse, métissage, France, nationalisme, Sénégal, critique sociale, humour, triste, dérision

Radio et Télévision


Sur RFI, dans "En sol majeur" Par Yasmine Chouaki, téléchargez le podcast ici: 1ère partie et 2ème partie

Sur Africa24 dans ENTRE LES LIGNES:


ENTRE LES LIGNES - Véronique AHYI-HOESLE - Togo par AFRICA24


Retombés de presse (choix)



La journée mondiale du livre et du droit d'auteur à Ishyo Arts Centre. 


Pour fêter la journée mondiale du livre et du droit d'auteur, Ishyo Arts Centre a reçu l'écrivaine Véronique Ahyi-Hoesle lors d'un café littéraire organisé pour la circonstance. 

Le 24 avril. Kigali, dans la salle de Ishyo Arts Centre. Elle est assise sur la scène, à côté de son mari. A côté et derrière, des invités. Elle est là, très calme. Comme les autres elle écoute. 

Et la lecture commence. Elle, c'est Véronique Ahyi-Hoesle, auteure du roman Ayélé, fille de l'ombre. Elle était l'invitée du café littéraire de ce 23 mars. La lecture commence  sur un récit des obsèques.
Plus loin, des personnages aux traits et aux caractères différents font la beauté du roman. Des personnes aux rêves différents, aux convictions différentes: "Auguste Durand, mon grand-père, déteste les Noirs et les artistes. Adèle Durand, ma grand-mère, déteste les Noirs mais aime les scientifiques. Marie-Eléonore, ma mère, aime ses parents, devient scientifique et épouse un chercheur français. Et pourtant, je suis métisse et mon père est Noir et artiste… " Voilà ce que nous dit le quatrième de couverture, les mots mêmes de la narratrice, Ayélé.

Le roman continue. Un roman où des réalités dures se dégagent des feuilles du livre parfois avec violence, parfois  avec humour. On n'y aime pas les nègres. On n'y supporte pas des filles mères. Le roman se passe vers les années 60, les années de décolonisation en Afrique. Quand la fille d'Adèle, un bon jour, dit qu'elle est enceinte... et enceinte d'un Togolais, c'est le ciel qui tombe. On en revient pas qu'une fille dont on voulait médecin tombe enceinte, et encore moins d'un nègre.

Adèle est triste. Elle partageait beaucoup de choses avec sa fille, surtout la lecture. Elle voyait en sa fille la réalisation de ses rêves avortés: devenir un grand chercheur, un grand médecin. "Ma fille est enceinte d'un nègre". Elle n'en revenait pas. Il faudra vite qu'on se débarrasse de cette enfant, Ayélé, qu'on ne voulait pas. La fille d'Adèle, Marie-Eléonore, la mère de la narratrice Ayélé, ne peut pas avorter malgré elle, mais décidé de confier sa fille à une famille où Ayélé va être victime d'abus sexuel et aussi où elle sera exclue, mise en marge car elle est noire. 

Quand on lit ou entend lire ce roman, on ne manque pas de se poser des questions. Comme l'a bien exprimé Carole Karemera, d'Ishyo Arts Centre, on ne sait pas si on lit un roman autobiographique ou un roman de fiction. Mais la réponse de l'auteure est claire. Quand bien même il y aurait des similitudes entre le roman et la vie de l'auteure, cette dernière a mis des écarts entre la réalité et la fiction du roman. A titre d'exemple, le personnage du roman meurt, et moi je suis encore là, a dit Véronique. 

On se pose cette question surtout quand on apprend que l'auteure, Véronique Ahyi-Hoesle est métisse, de père Togolais et de mère Française. Et qu'on apprend qu'elle a vécu dans les endroits même où se déroule son roman. Si le roman décrit des scènes et des situations dures, l'auteure sait bien s'y prendre en usant des mots durs mêlés à de l'humour. "L'humour, aide le lecteur à reprendre le souffle après avoir lu des scènes d'extrême violence", a dit Véronique. Un roman à lire...

Ce qui a contribué à la réussite de la soirée et  qui fait la beauté de la soirée, c'est la lecture du roman par les comédiens d'Ishyo Arts Centre. Assis sur leurs tabourets, éclairés par une faible lumière pour faire une impression de mi-jour, mi-nuit, ils jouent le texte en retraduisant dans les timbres de leurs voix, les émotions que l'écrivain a voulu traduire par les mots dans son ouvrage.Un endroit qu'il faut connaître.



Tout dernièrement sur The New Times Rwanda:  

Véronique Ahyi-Hoesle’s novel featured in Kigali   April 26, 2012:
FOR Véronique Ahyi-Hoesle, writing is about imagination and experience. Her novels and characters draw heavily from life events – places she has been or people she has met. The slightest nuance in a stranger’s voice can compel and inspire the development of a new character. ...


Ayélé, fille de l'ombre de Véronique Ahyi - Walf Fadjri
L'écrivain française d'origine togolaise, Véronique Ahyi-Hoesle présente son premier roman samedi à l'Institut français de Dakar. L'ouvrage intitulé Ayélé, fille de l'ombre retrace la vie d'une jeune fille métisse noire rejetée par ses parents.

sudonline.sn: Véronique Ahyi-Hoesle: « Malgré la Téranga, le racisme est pire au Sénégal qu’en France » (lire l'article complêt)

Le soleil: Avec son premier roman, « Ayélé, fille de l'ombre », 196 pages, publié aux Editions Bénévent (France), sorti en juillet dernier, Véronique Ahyi-Hoesle pose un regard sur le racisme, vu sous le prisme de la double culture. L'ouvrage sera dédicacé ce samedi 02 octobre 2010 à l'Institut français (ex-Ccf), entre 10h et 14h.  (lire l'article complêt)

Sur AMINA: image de l'article et la suite
 
Sur La Loménarde: http://www.lalomenarde.com 

Sur Vientiane Times: après la présentation du livre au Centre de Langues au Laos



D'avantage sur la page facebook du livre: ici