dimanche 11 novembre 2012

Burundi : une Tabaski sans mouton



Après avoir passé 25 ans au Sénégal et m'être régulièrement régalée chez mes amis le jour de la Tabaski, j'étais loin de m'imaginer que l'on pouvait célébrer cette fête, ailleurs, en Afrique, sans sacrifier de mouton.

Bien sûr le Burundi n'est pas le Sénégal et le pays ne compte que 10 % de musulmans, mais une Tabaski sans mouton, c'est quoi ça ?

J'ai passé les semaines qui ont précédé la Tabaski à attendre les moutons. Rien. Alors que Dakar se transforme chaque année en "enclos" à moutons et que la fête alimente toutes les conversations, j'ai traqué le bélier, posé des questions aux quelques musulmans burundais que j'avais rencontrés, mais en vain ! Bujumbura demeurait insensible à la fièvre du mouton. Le jour de la fête arrive. Il doit se passer quelque chose. Je guette les signes qui pourraient me rappeler "ma Tabaski". Une odeur de côtelettes grillées qui viendrait chatouiller mes narines, un boubou, un enfant endimanché, bon alors, un homme "embaziné" au volant d'un gros 4X4 (parce que ça, ça existe) et qui serait parti faire des salamalecs pendant que madame est au fourneau. Et bien non. Le néant !

Le lendemain, je vois Mohamed, un Sénégalais installé à Bujumbura. Mais dis-moi qu'est-ce que tu as fait pour la fête ? "Hé waï, vraiment, c'est un casse-tête quoi, moutons amoul" ! Mais alors ? " man z'ai acheté un zigo de chèvre". "Bajul de", répondis-je, pleine de compassion.

Une semaine plus tard, assise au Club house du golf, j'ai voulu en savoir plus. "Pourquoi est-ce si difficile de manger du mouton dans votre pays" ? j'ai aussitôt senti la consternation dans les regards. Ça ne peut être qu'une étrangère pour poser une question aussi stupide. "Mais le mouton, ce n'est pas de la viande noble, c'est de la viande pour les pygmées". Ah oui, alors vous ne viendrez pas à mon méchoui, insistai-je en souriant. Le silence fut leur réponse. J'ai compris que ma prochaine Tabaski serait tout aussi inexistante que la première. Au fait mes amis, vous faites quoi l'année prochaine à Dakar ?

PS : Désolée pour ma transcription du ouolof !

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