dimanche 13 avril 2014

RDCongo : Lupita Nyong'o fait son entrée à Rubana



Rubana vous ne connaissez pas. C'est normal. Il y a trois mois je ne connaissais pas non plus, mais là-bas, en RDC, à vingt minutes en bateau de Baraka, sur la presqu'île d'Ubwari, des femmes viennent de découvrir, pour la première fois, les magazines féminins et l'actrice kényane Lupita Nyong'o.

http://blogs.lexpress.fr/styles/froggista/2014/01/13/lupita-nyongo-future-reine-des-tapis-rouges/
Des journaux on n'en trouve pas, même pas pour emballer des cacahuètes, d'ailleurs il n'y a pas de cacahuètes. Sur la grande place du marché où il n'y a pas de marché, des poules, des canards, des femmes et des enfants par grappes qui viennent s'agglutiner autour de vous pour observer de plus près les bipèdes à la peau claire fraîchement arrivés. Les femmes comme à leurs habitudes sont là, assises sous le grand manguier. Les travaux des champs terminés, les après-midis, elles se consacrent à leur passe-temps favori : leur maquillage et celui de leurs bébés devenus des poupées humaines aux cheveux mouillés et lissés et aux sourcils noircis au khôl.

Lors d'un déplacement précédent à Rubana, il m'était venu à l'idée de revenir voir ces femmes pour qui la beauté importait tant, avec des magazines féminins, pour saisir leur étonnement et enregistrer leurs réactions. L'auditoire en place, je commence à feuilleter avec elles, les magazines africains que j'avais sélectionnés. Le silence. Elles approchent leur visage des mannequins immortalisés sur papier glacé et se regardent dubitatives. Les femmes au teint clair et aux longs cheveux séduisent et arrive enfin Lupita Nyong'o. Elles secouent la tête et froncent les sourcils. Alors comment la trouvez-vous ? « Elle n'est pas belle, elle est trop noire et ses cheveux sont trop courts ». Je les laisse s'exprimer et leur montre de nouvelles photos de la star kényane, éblouissante dans sa robe de gala rouge. La robe fait son effet. Je leur explique qu'il s'agit toujours de la même personne, qu'elle est africaine comme elles, qu'elle vient d'un pays poche du Congo et qu'elle est considérée comme l'une des plus belles femmes du monde. Les origines africaines de Lupita, la proximité des deux pays et sa célébrité stimulent leurs rêves. « Mais nous, qu'est-ce qu'il faut faire pour être comme elle » ? Pour dissimuler mon embarras, je pose mon regard sur une petite fille de 9 mois et m'attarde sur ses grands sourcils dessinés au crayon noir. « On va s'acheter du mascara au marché de Baraka », dit l'une d'elles d'un ton enjoué et on sera encore plus belles qu'elle ». Lupita Nyong'o vient de faire son entrée à Rubana. Sans doute ne retiendront-elles pas son nom mais un après-midi d'avril, sous le grand manguier de la place du marché de Rubana, elle aura fait naître chez ces jeunes cultivatrices coupées du monde, l'espoir d'être, un jour, célèbres et de voyager bien au-delà de leur presqu'île.

mercredi 2 avril 2014

RDCongo : Le Sud-Kivu en musique

Ecoute…
TEXTE ET MUSIQUE : Serge RAMAZANI L.

Quelque part sur terre on ne sourit plus
Quelque part sous les cieux on ne vit plus
L’existence elle-même, un lourd bagage
Le bonheur, le vrai regard, en voyage

Vous ne pouvez pas y croire
Par peur violente de le voir

La petite gamine vit l’enfer
La bonne femme humiliée
Le puissant mâle effondré
La vieille mère châtiée
Et La petite fille perd son cœur en fer

Ecoute le son qui dérange ton esprit
 Tu comprendras bien leurs cris
Ecoute le vent transportant leur douleur
Tu verras alors sa couleur

Violer se tuer, violer se détruire
La femme est précieuse, sacrée
La violer c’est empêcher l’avenir
La violer c’est aveuglé les années

 Ecoute le son qui dérange ton esprit
Tu comprendras bien leurs cris
Ecoute le vent transportant leur douleur
Tu verras alors sa couleur (X2)

Quelque part dans ton cœur, les larmes
Quelque part dans tes yeux, son âme
Son existence, son bagage
Son bonheur, un voyage

Vous ne pouvez pas y croire
Par peur violente de le voir

La petite gamine vit l’enfer
La petite fille perd son cœur en fer
La bonne femme humiliée
Et la vieille mère châtiée

Ecoute le son qui dérange ton esprit
Tu comprendras bien leurs cris
Ecoute le vent transportant leur douleur
Tu verras alors sa couleur (X2)


Elles disent…
TEXTE ET MUSIQUE : Serge RAMAZANI L.

Où est parti ce soleil qui brillait hier
Où est partie cette lune qui chantait bien
Où est parti l’amour, notre héritage
Où est partie cette promesse si claire.

Où est partie l’armée qui protégeait le peuple
Où sont partis ces dirigeants sérieux
Où est parti ce respect aux femmes
Où sont parties ces promesses peu vraies

Ils étaient nombreux, ils ont violé ma mère
Ils étaient armés, ils ont violé ma sœur
Ils étaient nombreux, ils ont violé ce bébé
Ils ont pris mon père à la gorge
Ils ont tiré sur mon frère

R/ Pourquoi un monde sans lois
Pourquoi les filles aux abois
On viole, on tue
On oublie ce qu’est la femme.

Pourquoi un ciel en bois
Pourquoi les hommes sans droit
On viole, on fuit
On tue sa mère, sa nation.
Serge RAMAZANI L.