mercredi 29 juillet 2015

Sécurité renforcée pour les dernières répétitions de "Il Trovatore"

Il est 23 heures, lundi. La répétition a commencé depuis une heure quand, soudain, le chef d'orchestre cesse toute activité et se tient l'épaule. Une pierre vient de le toucher et d'autres ont été projetées sur les musiciens et les chanteurs. Les projecteurs sont aussitôt braqués sur la colline, mais il est trop tard. Les malfaiteurs ont détalé. La répétition est immédiatement interrompue. Le chef d'orchestre rejoint sa loge et les musiciens rangent leurs instruments. Après quelques minutes d'attente, on demande au public de bien vouloir quitter les lieux. Devant le théâtre un véhicule du samu puis arrivée de la police. Quelle sera l'issue ? L'opéra va-t-il être maintenu ? Le lendemain, nous découvrons que la répétition est maintenue mais avant de commencer, un agent de sécurité prend la parole pour expliquer les mesures mises en œuvre pour assurer la protection des musiciens et du public jusqu'au 5 août : interdiction de l'accès à la colline, présence d'agents sur la colline aux abords du théâtre, etc..

Le public accueille chaleureusement le chef d'orchestre pour avoir accepté de continuer sa prestation malgré les incidents de la veille. Un grand merci à lui !

dimanche 26 juillet 2015

Les chorégies d'Orange. Opéra. "Carmen, une erreur de Casting" ?

Je sais. Mon texte ne va pas faire l'unanimité. Mais j'écris ce que je pense, comment j'ai ressenti Carmen, en tant que spectatrice qui a le droit de s'exprimer.

A quoi s'attendre quand on va écouter Carmen ? A entendre une voix, belle, avec des cordes vocales, des vraies, qui emplissent le théâtre et transportent des émotions. Et puis, on s'attend à une Carmen pleine de fougue, d'insolence et de verve. Une gitane sans vergogne et libérée. Mais où était cette Carmen ici, aux chorégies d'Orange ? Je l'ai attendue, en vain. Je n'ai eu qu'une Carmen insipide, "aseptisée", belle, certes, mais sans caractère. Enfin, une Carmen sans panache interprétée  par la mezzo-soprano Kate Aldrich dont la voix n'était pas toujours audible. Était-ce une erreur de casting ? N'y avait-t-il pas d'autres interprètes disponibles ? Quelques jours auparavant, par curiosité, j'ai surfé pour voir quelles étaient les  interprètes remarquées de Carmen et j'avais été séduite par la prestation, au Covent Garden, de l'italienne Anna Caterina Antonacci pleine de charisme, de sensualité, et d'énergie. Comme on peut se l'imaginer.
Cet opéra  dirigé par Mikko Franck dont l'entrain n'était pas vraiment perceptible, m'a paru long et pesant et si vous ajoutez une mise en scène minimaliste composée de cartes géantes posées sur la scène (mais j'ai trouvé l'idée originale) et des costumes noirs comme la mort, je dois avouer que je n'étais pas mécontente après trois heures de voir Carmen poignardée par Don José. Comment s'ennuyer pendant cet opéra ? Heureusement Jonas Kaufmann qui a une voix magnifique et un vrai talent d'acteur et Inva Mula pleine de sensibilité dans le rôle de Michaela ont atténué ma déception. Après la générale j'étais prête à revendre ma place pour la représentation. Je me suis finalement ravisée, avec le secret espoir que Kate Aldrich se glisserait enfin dans la peau de son personnage et que Mikko Franck se réveillerait et donnerait plus de vie à cet opéra. Tel ne fut pas le cas. Bientôt Il Trovatore. Wait and see !

Les chorégies d'Orange, Concert symphonique "MAKNIFIK"

Huit mille personnes assises, en silence, sur les gradins inconfortables du théâtre romain d'Orange. Au programme ce soir, un concert symphonique avec au programme Berlioz, Poulenc, Saint-Saëns, sous la direction de Myung Whun Chung. Dans la première partie, Berlioz, Le Carnaval Romain. Excellent mais nous attendons tous le concerto pour pianos et orchestre en ré mineur de Poulenc. Les deux pianistes arrivent Nicholas Angelich et Martha Argerich. Le public les acclame mais laisse percevoir sa préférence pour la pianiste argentine aux cheveux gris. La soirée est douce. Le mistral a cessé de souffler et les chauves-souris s'interdisent de traverser la scène pour ne pas rompre la magie de l'instant. Les notes montent légères sous la présence autoritaire d'Auguste. La musique parle à nos cœurs et à nos âmes et nous savourons cet instant de fusion. Trop court hélas. Nous aurions aimer les écouter encore et encore. Les deux pianistes sont ovationnés. Le public ne veut pas les laisser partir.
Et là, inattendu et grandiose, pour le Bis, ils interprètent une valse et romance à six mains de Sergueï Rachmaninov avec Myung Whun Chung lui même considéré comme un excellent pianiste. Nous avons le sentiment de vivre un moment unique et, à la fin du concert, un ami allemand mélomane averti en oublie la langue de Goethe et de bonheur s'exclame : MaknifiK, apsoloument maknifiK !

jeudi 7 août 2014

Les chorégies d’Orange : Otello malgré moi

Après une double déception avec Roberto Alagna en 2012 dans Turandot et son absence en 2013, j'avais décidé cette année de le boycotter purement et simplement. Mes billets avaient été achetés pour Nabucco et Carmina Burana mais pas Otello. En revanche, j'avais décidé d'assister à des concerts de piano à La Roque d'Anthéron, Lourmarin, l'Etang des Aulnes. Et je m'en portais très bien. 

Des amis me pressaient d'aller l'écouter mais je restais droite dans mes bottes. Niet. Le sort en décida autrement. A deux reprises on m'a proposé des places gratuites pour Otello. La première fois j'ai décliné l'offre, heureuse, j'écoutais David Bismuth à Lourmarin, mais la deuxième fois, pour la représentation du 5 août, on me proposa, une heure avant le spectacle à nouveau deux places, et bien placées de surcroît. Pas d'excuses, hélas, j’étais à Orange ! Comme les échos que j'avais entendus étaient plutôt favorables, j'ai saisi mon coussin et hop, allons voir Otello. Au pire, je ne regretterai pas d'avoir dépensé 200 euros si sa prestation n'est pas bonne. Et là, agréable surprise, j'ai trouvé que Roberto Alagna avait bien chanté, en tout cas, il avait honoré son contrat, et Inva Mula que j'avais rencontrée quelques jours plus tôt et que j'avais déjà entendue dans la Bohême fut égale à elle même. Finalement, cette soirée à laquelle je ne voulais pas assister fut un agréable moment. Comme quoi, il est parfois bon de vaincre ses réticences.

mercredi 6 août 2014

Musicales en Tricastin - Un festival à découvrir

Pour ceux qui habitent la région ou qui viennent chaque année passer leurs vacances en Provence, je vous recommande, si vous êtes amateurs de musique classique, le festival « Musicales en Tricastin ».

Bien-sûr, il n'est pas aussi prestigieux qu'Aix-en-Provence, il n'est même pas question de les comparer car l'approche même est différente. Toutefois, on ne peut qu'apprécier la qualité des concerts et saluer l'initiative de Monsieur et Madame Boucharlat et de leur fils le pianiste Pierre-laurent, pour avoir créé ces rencontres musicales. Depuis déjà treize ans, ils mettent, chaque année, la musique classique à la portée de tous et fidélisent des spectateurs toujours plus nombreux.

Leur approche n'est pas élitiste, ni snob. On vient parce qu'on aime la musique et pas pour être vus, ni pour se gargariser dans des salons feutrés. D'abord, il n'y en a pas. Non, l'ambiance est familiale, mais ne vous méprenez pas car la programmation n'en est pas moins alléchante et les interprètes qui s'arrêtent au festival « Musicales en Tricastin » mènent aussi une carrière internationale et se produisent au très sélect festival de piano de la Roque d'Anthéron.

Cette année, une semaine de musique du 18 au 25 juillet avec des concerts donnés dans la cour du château de Suze la Rousse (La nuit du piano et la nuit de la musique de chambre) et à Saint Paul Trois Châteaux (une petite musique de nuit, le Concert Impromptu, un récital lyrique et pour clore le festival un spectacle lyrique, voir détails sur internet www ).

Si vous n'êtes jamais venus et que vous prévoyez d'être dans la région, ne loupez pas ce festival. Sûr, vous ne le regretterez pas.


Orange - Où sont les touristes ?

Comme chaque année, je suis dans le sud de la France, à Orange et cette fois, je cherche désespérément les touristes. Les terrasses sont quasiment vides et quelques badauds se promènent, à pas lents, l'appareil photo en bandoulière pour immortaliser leur ennui.


Heureusement pour les spectacles des chorégies, les rues s'animent, mais ses visiteurs, hélas, ne restent pas. Tout au plus une nuit et le lendemain ils se font conduire en gare d'Avignon pour regagner leurs pénates ou des lieux plus animés. Après quelques jours, le temps s'améliore, un peu, le soleil commence enfin à sortir (le mistral aussi), puis il recommence à pleuvoir, ce qui n'encourage pas à la flânerie. Les restaurateurs font aussi grise mine. La saison qui a tardé à débuter ne laisse pas augurer des recettes exceptionnelles et chaque jour qui passe, timide et poussif, est un manque à gagner. Si vous ajoutez à cela que les rares touristes comptent leurs sous comme des auvergnats, se partagent une crêpe ou commandent une demie boule de glace, sûr que le moral des commerçants ne va pas aller crescendo et pour les vacanciers que nous sommes, nous avons de plus en plus envie de rester blottis dans nos tanières.

Les Seychelles : les visites à éviter

Comme tous les lieux touristiques, il y à ceux à éviter mais que l'on vous recommande chaudement comme si votre statut de touriste vous rendait idiot ou inapte à distinguer ce qui est intéressant ou rare. Parmi les attrape-nigauds, je vous citerai deux endroits :le jardin botanique près de l'hôpital, à Victoria. Minuscule : dix minutes en flânant, pour voir quelques cocotiers, des fleurs, naturellement que vous retrouverez lors de vos promenades dans l'île, une volière vide et une tortue orpheline recroquevillée dans sa carapace et qui attend que le temps passe. Si vous le visitez en plus en fin d'après midi vers 17 heures, munissez-vous d'un produit anti-moustiques puissant car vous serez dévorés en une fraction de seconde, ce qui contribuera à rendre votre visite déjà inutile encore plus déplaisante.
Jardin Botanique
Lodoicea maldivica, la coco-fesses
Tortue


Le deuxième site est encore un jardin : le jardin du roi recommandé pour ses épices à 5 minutes en voiture de Anse Royale. Vous allez croire que je suis fâchée avec la nature, mais non puisque à chaque fois, je me suis déplacée pour visiter ces lieux. Le nom est plein de promesses. Pour y parvenir il faut emprunter un petit chemin escarpé comme on en voit beaucoup aux Seychelles. Toutefois, dès que l'on voit l'état de la maison, on est saisi d'un doute. Si le jardin lui ressemble, mieux vaut faire demi-tour immédiatement et je regrette de ne pas l'avoir fait. Le jardin a manifestement connu des jours meilleurs et sert de revenus à une famille dont les moyens se sont évaporés avec le temps. Rien n'est entretenu. Les essences ne sont pas systématiquement spécifiées. Personne ne vous guide.
Chemin vers l'ancien verger d'épices
Hibiscus
Maison et Restaurant
Belle vue sur l'Anse Royale
Visite absolument inutile et si vous êtes intéressés par les épices. Un conseil : suivez la route des épices à Zanzibar. Vous ne perdrez pas votre temps (ni votre argent) et en plus les guides sont pleins d'humour.

dimanche 22 juin 2014

Les cocos de mer. Un érotisme omni-présent

Difficile de ne pas voir les cocos de mer appelées plus communément les cocos fesses. Et pour cause. Si les arbres sont d'apparence normale car rien ne ressemble plus à un cocotier qu'un autre cocotier, les fruits, une fois dépourvus de leur écorce offrent une apparence où l'évocation reste sans équivoque, surtout quand on nous précise, comme si l'on n'avait pas encore compris ou que l'on sortait d'un couvent, qu'il existe la coco femelle et la coco mâle toutes les deux aussi suggestives.
Ces cocos considérées comme une pièce rares et inhérentes aux Seychelles se vendent aussi à prix d'or, de 300 à 400 euros et parfois plus en fonction de leur taille. Ces cocos protégées par le gouvernement seychellois ne peuvent pas quitter les îles sans un certificat à présenter au départ, à l'aéroport.
Leur représentation est omni-présente. Ainsi quand vous rentrez aux Seychelles, le tampon n'est pas bêtement rond, ovale ou triangulaire, non, il est en forme de jolies fesses, les tee off au golf sont aussi en forme de coco fesse de différentes couleurs, idéal pour se déconcentrer et enfin quand vous allez aux toilettes, inutile d'inscrire hommes ou femmes ou d'utiliser les symboles auxquels nous sommes habitués, une coco fesse mâle pour les hommes et une femelle pour les femmes nous permet de nous orienter parfaitement.
Enfin il existe aussi les cocos avec des fibres évocatrices qui mettent parfois votre pudeur à rude épreuve. Intriguée, j'ai demandé dans une boutique si ces articles-cadeaux se vendaient. Apparemment oui. Heureusement, je n'ai pas d'amis (enfin je l'espère) qui ont aussi mauvais goût !

vendredi 20 juin 2014

Les Seychelles : le royaume des take away

Si les Seychelles font rêver, il n'en est pas de même de la nourriture. A notre départ, des amis salivaient en évoquant les fruits de mer, les poissons à profusion et les fruits gorgés de soleil que l'on mange en faisant fi de tout savoir vivre pour mieux en apprécier la saveur.
Les pêcheurs qui partaient chaque matin en mer rapportaient quelques poissons immédiatement vendus, les fruits de mer que nous avons achetés étaient congelés et provenaient d'un autre pays africain et les fruits au grand marché de Victoria étaient aussi rares que la charité en temps de crise. Deux tranches de pastèque vendues à prix d'or, des mangues minuscules, vertes et insipides, trois corossols gris que les clients boudaient et des micros ananas jute bons à décorer une corbeille de fruits en Laponie. La déception ! Les restaurants se sont avérés tout aussi décevants et horriblement chers.
Je cherche toujours le goût du curry, de la coco dans les plats ainsi que le parfum des épices. Chacune de nos expériences s'est soldée par un échec, y compris quand en désespoir de cause, nous avons choisi des spaghettis bolognaise et pire, des hot-dogs avec du ketchup. Vous imaginez ! Alors pour ne pas sombrer dans une rancœur qui aurait à coup sûr terni nos vacances, nous avons opté pour la nourriture mode seychelloise : les take awayNous avons laissé toute idée de gastronomie derrière nous. L'essentiel n'était-il pas de se nourrir et les portions de riz que l'on nous servait chaque jour pour accompagner des plats à base de requin, de poulet, de bœuf ou de poisson avec une sauce vaguement créole nous plongeaient, les après-midis, dans une douce léthargie.

mercredi 18 juin 2014

Arrivée à l'aéroport des Seychelles : L'Afrique stigmatisée


La veille de notre départ, je regarde sur le site des Seychelles quelles sont les recommandations et les documents avec lesquels nous devons voyager. Aucun carnet de vaccination n'est requis, pas même la fièvre jaune. Je ne ne suis pas étonnée. Les Seychelles sont une destination touristique, haut de gamme qui ne souhaitent pas tracasser les touristes. Ainsi donc, munis de nos passeports uniquement, nous avons une première surprise dans l'avion quand on nous demande de préparer nos carnets pour la fièvre jaune. Moment d'angoisse. A notre descente d'avion, un employé nous conduit aux formalités sanitaires. Les Seychellois ne sont pas des africains avec lesquels il est possible de dialoguer. Les directives sont les directives. Aucune possibilité de s'expliquer. J'insiste et veux savoir pourquoi rien n'est précisé sur le site des Seychelles. La réponse tombe comme un couperet : tous les passagers en provenance de l'Afrique ou à bord d'un vol africain doivent être en règle avec leurs vaccinations même s'ils ne font que transiter à Nairobi ou Addis. « Cela signifie-t-il que nous sommes stigmatisés et que nous sommes forcément porteurs de virus parce que nous habitons en Afrique» demandais-je légèrement interloquée ? L'agent me lance un regard noir. Présentez-vous tous à l'hôpital de Victoria, lundi à la première heure. Son ton est sans réplique.

Pendant ce temps, la file des passagers avance anormalement doucement vers la sortie. Que se passe-t-il encore ? Un homme s'impatiente. « C'est toujours la même chose, dès que l'on arrive d'Afrique, on est immédiatement suspectés d'être des trafiquants de drogue et tous nos bagages sont passés au peigne fin ». En effet, nos valises sont deux fois scannées, reniflées par des chiens et nos bagages à main minutieusement inspectés. Je ne m'attendais pas à faire l'objet d'une telle méfiance car dites-moi, les Seychelles ne sont-elles pas, elles aussi, un pays africain ?

Les Seychelles : un départ pas si idyllique


Les Seychelles, une destination qui fait rêver : Les plages de sable fin et les eaux turquoises. Des clichés qui font du bien quand les pluies du Burundi viennent plomber notre moral. Alors, pour nous booster et offrir des vacances de rêve à nos deux enfants, c'est donc décidé, nous partons une semaine dans ces îles paradisiaques pour savourer le farniente, la nourriture aux doux épices et les fruits gorgés de soleil qui, rien qu'à leur évocation, me font déjà saliver.

Mais, même les tableaux les plus idylliques peuvent s'assombrir d'un coup. Ainsi, quelques jours avant notre départ, mon mari se retrouve cloué au lit à cause d'une horrible sciatique (désolée pour le pléonasme). Trouver un bon médecin dans ce petit pays de l'Est qui a même gentiment été égratigné dans le film à succès « Mais qu'est-ce qu'on a fait au bon dieu », relève de la gageure. Les communications entre la France et le Burundi vont bon train. Des consultations téléphoniques et des conseils que nous suivons à la lettre et qui seront confirmés par un praticien qui nous délivre l'ordonnance miraculeuse. Mais les miracles, sauf à Lourdes, ne sont pas immédiats et c'est en fauteuil roulant que le patriarche se déplacera dans les aéroports. Je reconnais. Ça fait un peu éclopé au troisième degré. Mais nous sommes tous unis devant la douleur. L'hôtesse annonce notre vol. Le fauteuil roulant nous permet de passer devant
 tout le monde. Nous voilà tous installés dans l'avion. Plus rien ne peut plus nous arrêter. A nous les Seychelles, le soleil, la mer et les anti inflammatoires !

vendredi 2 mai 2014

RD-Congo, Sud Kivu : Gorilles dans le flou

Difficile quand on est de passage à Bukavu de ne pas céder à la tentation "gorilles" au parc de Kahuzi Biega. Si il y a quelques années, nous faisions encore partie des rares privilégiés à les voir, aujourd'hui, les gorilles sont devenus un lieu de pèlerinage pour les touristes et les habitants de Bujumbura, expatriés principalement.

Le parc de Kahuzi-Biega qui tire son nom des deux monts qui culminent dans cette immense forêt du Kivu où rappelons-le furent délogés les pygmées, abrite les gorilles de plaines dorénavant protégés contre les principaux prédateurs qui sont les hommes. Auparavant, soit ils étaient abattus pour être mangés, soit toute la famille était massacrée pour voler un bébé qui allait être acheminé dans un zoo. Aujourd'hui des efforts sont entrepris pour les habituer à la présence humaine, tout en maintenant des distances elle, afin de les rendre moins vulnérables. Imaginez des bébés gorilles qui viendraient nous sauter dans les bras !

Pour voir les gorilles des mesures de protection sont à respecter : rester au moins à 7 mètres d'eux, (à notre dernière visite nous étions à moins de 2 mètres), se couvrir le nez et la bouche pour ne pas les contaminer, (il n'en fut rien, personne ne reçut de masque) et surtout, par jour, le nombre de touristes pour les visiter ne devrait pas excéder 7 personnes. Et c'est là que le flou s'installe autour des gorilles et que l'on vend aux touristes des familles de gorilles fictives.


A ce jour, une seule famille, celle de Chimanuka, peut être approchée. Une deuxième est encore en cours "d'apprivoisement" et un mâle chassé quand il est devenu adulte vient de trouver une femelle mais n'a pas encore commencé à se reproduire. Samedi 26 avril, quand nous arrivons pour la visite 6 véhicules 4x4 aux plaques internationales sont soigneusement garés avec des touristes dans les starting block. Le premier groupe part et nous, les derniers arrivés, avec deux autres jeunes filles, allons voir une autre famille gorille dont le nom nous est parfaitement inconnu. Bien sûr, à notre retour à l'hôtel nous avons mené notre enquête pour savoir qui étaient ces nouveaux gorilles sortis de nulle part.

Le numéro semble ma foi bien rôdé. Pour les néophytes que nous sommes, rien ne ressemble plus à un gorille qu'un autre gorille. Alors, pour nous faire croire que nous allions visiter une nouvelle famille composée de 25 membres, on nous a promenés dans la forêt pendant plus d'une heure, le temps à l'autre groupe de terminer sa visite. A notre arrivée près des gorilles, le guide du groupe précédent nous rejoint, se confond en excuses et invente des problèmes d'interaction entre familles gorilles. Mais l'interaction se serait-elle pas plutôt entre les touristes que l'on balade pour qu'ils ne se rencontrent pas et que l'on abuse en racontant n'importe quoi ? Si ma précédente visite m'avait séduite, celle-ci me laisse un goût amer et un conseil, si le guide exige un pourboire, sans vergogne, comme il l'a fait avec nous, refusez de lui donner et mettez le directement la "tip box" à la réception car sinon les pisteurs pygmées qui nous accompagnent ne recevront rien ! A la fin de la visite on a demandé à chacun d'être l'ambassadeur du parc de Kahuzi-Biega. Désolée, mais cette fois-çi, je ne le serai pas !

dimanche 13 avril 2014

RDCongo : Lupita Nyong'o fait son entrée à Rubana



Rubana vous ne connaissez pas. C'est normal. Il y a trois mois je ne connaissais pas non plus, mais là-bas, en RDC, à vingt minutes en bateau de Baraka, sur la presqu'île d'Ubwari, des femmes viennent de découvrir, pour la première fois, les magazines féminins et l'actrice kényane Lupita Nyong'o.

http://blogs.lexpress.fr/styles/froggista/2014/01/13/lupita-nyongo-future-reine-des-tapis-rouges/
Des journaux on n'en trouve pas, même pas pour emballer des cacahuètes, d'ailleurs il n'y a pas de cacahuètes. Sur la grande place du marché où il n'y a pas de marché, des poules, des canards, des femmes et des enfants par grappes qui viennent s'agglutiner autour de vous pour observer de plus près les bipèdes à la peau claire fraîchement arrivés. Les femmes comme à leurs habitudes sont là, assises sous le grand manguier. Les travaux des champs terminés, les après-midis, elles se consacrent à leur passe-temps favori : leur maquillage et celui de leurs bébés devenus des poupées humaines aux cheveux mouillés et lissés et aux sourcils noircis au khôl.

Lors d'un déplacement précédent à Rubana, il m'était venu à l'idée de revenir voir ces femmes pour qui la beauté importait tant, avec des magazines féminins, pour saisir leur étonnement et enregistrer leurs réactions. L'auditoire en place, je commence à feuilleter avec elles, les magazines africains que j'avais sélectionnés. Le silence. Elles approchent leur visage des mannequins immortalisés sur papier glacé et se regardent dubitatives. Les femmes au teint clair et aux longs cheveux séduisent et arrive enfin Lupita Nyong'o. Elles secouent la tête et froncent les sourcils. Alors comment la trouvez-vous ? « Elle n'est pas belle, elle est trop noire et ses cheveux sont trop courts ». Je les laisse s'exprimer et leur montre de nouvelles photos de la star kényane, éblouissante dans sa robe de gala rouge. La robe fait son effet. Je leur explique qu'il s'agit toujours de la même personne, qu'elle est africaine comme elles, qu'elle vient d'un pays poche du Congo et qu'elle est considérée comme l'une des plus belles femmes du monde. Les origines africaines de Lupita, la proximité des deux pays et sa célébrité stimulent leurs rêves. « Mais nous, qu'est-ce qu'il faut faire pour être comme elle » ? Pour dissimuler mon embarras, je pose mon regard sur une petite fille de 9 mois et m'attarde sur ses grands sourcils dessinés au crayon noir. « On va s'acheter du mascara au marché de Baraka », dit l'une d'elles d'un ton enjoué et on sera encore plus belles qu'elle ». Lupita Nyong'o vient de faire son entrée à Rubana. Sans doute ne retiendront-elles pas son nom mais un après-midi d'avril, sous le grand manguier de la place du marché de Rubana, elle aura fait naître chez ces jeunes cultivatrices coupées du monde, l'espoir d'être, un jour, célèbres et de voyager bien au-delà de leur presqu'île.

mercredi 2 avril 2014

RDCongo : Le Sud-Kivu en musique

Ecoute…
TEXTE ET MUSIQUE : Serge RAMAZANI L.

Quelque part sur terre on ne sourit plus
Quelque part sous les cieux on ne vit plus
L’existence elle-même, un lourd bagage
Le bonheur, le vrai regard, en voyage

Vous ne pouvez pas y croire
Par peur violente de le voir

La petite gamine vit l’enfer
La bonne femme humiliée
Le puissant mâle effondré
La vieille mère châtiée
Et La petite fille perd son cœur en fer

Ecoute le son qui dérange ton esprit
 Tu comprendras bien leurs cris
Ecoute le vent transportant leur douleur
Tu verras alors sa couleur

Violer se tuer, violer se détruire
La femme est précieuse, sacrée
La violer c’est empêcher l’avenir
La violer c’est aveuglé les années

 Ecoute le son qui dérange ton esprit
Tu comprendras bien leurs cris
Ecoute le vent transportant leur douleur
Tu verras alors sa couleur (X2)

Quelque part dans ton cœur, les larmes
Quelque part dans tes yeux, son âme
Son existence, son bagage
Son bonheur, un voyage

Vous ne pouvez pas y croire
Par peur violente de le voir

La petite gamine vit l’enfer
La petite fille perd son cœur en fer
La bonne femme humiliée
Et la vieille mère châtiée

Ecoute le son qui dérange ton esprit
Tu comprendras bien leurs cris
Ecoute le vent transportant leur douleur
Tu verras alors sa couleur (X2)


Elles disent…
TEXTE ET MUSIQUE : Serge RAMAZANI L.

Où est parti ce soleil qui brillait hier
Où est partie cette lune qui chantait bien
Où est parti l’amour, notre héritage
Où est partie cette promesse si claire.

Où est partie l’armée qui protégeait le peuple
Où sont partis ces dirigeants sérieux
Où est parti ce respect aux femmes
Où sont parties ces promesses peu vraies

Ils étaient nombreux, ils ont violé ma mère
Ils étaient armés, ils ont violé ma sœur
Ils étaient nombreux, ils ont violé ce bébé
Ils ont pris mon père à la gorge
Ils ont tiré sur mon frère

R/ Pourquoi un monde sans lois
Pourquoi les filles aux abois
On viole, on tue
On oublie ce qu’est la femme.

Pourquoi un ciel en bois
Pourquoi les hommes sans droit
On viole, on fuit
On tue sa mère, sa nation.
Serge RAMAZANI L.

jeudi 20 mars 2014

Un détecteur de mensonges particulier

On se souvient tous de Basic Instinct et de Sharon Stone soumise au détecteur de mensonge pour mesurer ses réactions physiologiques et détecter ainsi si oui ou non elle avait commis les crimes au pic à glace. Mais ce que l'on sait moins, c'est que les premiers détecteurs de mensonges utilisant les réponses physiologiques d’un suspect datent de -1000 avant J.C., et qu'on les trouvait en Chine. En effet, les personnes suspectées de mentir étaient obligées de mâcher du riz sec avant de le recracher et si le rejet était sec, la personne était alors déclarée coupable car la peur assèche la bouche et diminue la salivation.

Lors de mes pérégrinations au Congo, mon attention fut attirée par un objet étrange aperçu chez un antiquaire. Une statuette en bois, d'une trentaine de centimètres, composée de deux parties : d'un socle et d'un buste et de deux bras posé en équilibre sur le socle. Cette statuette était naguère utilisée dans les tribunaux pour détecter si les suspects mentaient ou non. Si la partie mobile de la statuette se mettait à tourner et tombait du socle pendant l'interrogatoire, l'accusé était immédiatement condamné, en revanche, si la statuette restait immobile le prévenu était maintenu en liberté. Ce qui est absolument fascinant dans cette statuette est la façon dont le buste tient en équilibre alors qu'il est simplement posé sans rien pour le retenir. Maintenant pour avoir vu des tribunaux au Congo (Sud Kivu), sans murs, ouverts au vent, juste avec un toit, je me demande, comment cela se passait quand la météo n'était pas faste. Sans doute y a-t-il eu des personnes injustement condamnées parce que les Dieux du vent avaient décidé de se lever. Mais personne ne nous le dira jamais.

dimanche 2 mars 2014

Qinterview avec Véronique Ahyi-Hoesle - traduit de l'allemand


L'heure est venue de donner votre première Qinterview. Les lecteurs ont choisi de vous connaître davantage. La Qinterview paraîtra sur la page Qindie.de et dans son bulletin. Nous attendons vos réponses avec impatience.

    Qui êtes-vous et que faites-vous en termes d'auto-édition ?

Il est toujours difficile de se présenter soi-même et les auteurs, sauf s'ils sont d'un extrême narcissisme, écrivent pour ne pas avoir à répondre à ces questions. La meilleure façon de me découvrir est de lire mon livre. On a recours à l'auto édition, non pas par choix, car chacun rêve de voir ses livres, hyper médiatisés, en tête de gondoles mais par résignation.

    Qu'est-ce qui vous a décidé à publier vous-même vos livres ?

Quand on écrit un premier livre on montre parfois des signes d'impatience et on a tendance à aller au plus facile parce que trouver des éditeurs relève du parcours du combattant. Même avec beaucoup de détermination, les refus ou la condescendance finissent par avoir raison de vous et de votre obstination. Il s'installe aussi en vous un doute qui relève du manque d'expérience et par découragement ou par crainte de ne pas être édité, il est plus facile de se réfugier dans l'auto-édition. C'est aussi une façon de se protéger, de garder l'espoir qu'un éditeur connu aurait pu accepter votre livre. Dans mon cas, j'avais signé un contrat avec une maison d'édition qui s’avérait être une maison d'arnaqueurs.



Quelles sont vos expériences passées avec l'auto-édition ?

C'est ma première expérience. Sortir de l'anonymat parce que les lecteurs de Qindie ont voulu me connaître davantage me semble déjà très encourageant car la concurrence est rude et que le nombre de livre auto-édités ne cessent de croître.

Que pensez-vous problématique dans l'auto-édition ?

Ce qui est sans doute le plus frustrant dans l'auto-édition est l'anonymat. Il est difficile de sortir du lot, d'être médiatisé, d'avoir de bonnes retombées car tout le monde se déclare auteur. Chacun pense avoir une histoire géniale à raconter avec un style, des tournures, des mots qui ne sont pas toujours appropriés à la littérature. Je pense qu'il faudrait une meilleure sélection. Il est d'autre part impératif de faire lire et corriger ses livres par des professionnels pour ne pas tirer le niveau des romans auto-édités vers le bas.

Qu'est-ce qui vous semble utile pour résoudre le problème ?

Qindie est déjà une belle alternative puisqu'elle décerne des labels de qualité aux romans qui le méritent. Au moins le lecteur sait que tous les romans avec le sigle de Qindie ont été lus et approuvés par un comité de lecture et que ces romans sont correctement écrits. Maintenant, une fois que les livres ont été sélectionnés et que de surcroît ils plaisent aux lecteurs, il serait souhaitable que Qindie par exemple suivent ces auteurs pour les promouvoir comme vous avez déjà commencé en donnant la parole à certains auteurs et en proposant le téléchargement gratuit de leur livre. Pour un auteur il est important que son livre soit lu. Les retombées financières ne sont qu'aléatoires.

Pourquoi choisissez-vous délibérément le chemin ardu de l'auto-édition ?

Je crois avoir déjà répondu à la question. Le chemin difficile peut s'avérer à un moment être le plus facile. En ce qui me concerne, j'ai résilié mon contrat avec ma maison d'édition, car je n'étais pas satisfaite. Le livre était trop souvent en rupture. Comme je voulais que le livre continue à être publié et soit disponible pour répondre à la demande, j'ai choisi de l'auto-éditer. Le format, les caractères, le papier, la couverture, tout existait déjà. Il ne m'a donc pas été difficile de « switcher ». Pour les autres livres, il est évident que je m'y prendrai différemment car j'aurai déjà eu mon expérience.

Qui sont vos lecteurs test et pourquoi eux ?

Mon mari, des amis au sens critique exacerbé et, quand le livre a été retravaillé, des lectrices professionnelles pour avoir un feedback professionnel ou une traductrice de livres. Il faut que le livre soit parfaitement clair et les mots extrêmement précis pour pouvoir le traduire et les commentaires d'une traductrice me sont précieux.

Avez-vous déjà eu une rencontre avec un fan qui vous a inspiré une idée?

Plutôt un détracteur car même si vous n'êtes pas d'accord avec ce qu'il vous dit, il en reste toujours quelque chose. L'un d'eux m'a donné l'envie de l'intégrer dans un prochain roman. Les détracteurs sont parfois des personnages intéressants par leurs contradictions, leurs propos erronés, et quand vous cherchez derrière, vous découvrez de vrais personnages de roman.

Vous arrive-t-il parfois que les personnages fassent ou disent autre chose que ce que vous avez prévu?

Bien sûr et cela provoque parfois une rupture dans l'écriture qui peut durer assez longtemps. Parfois les personnages vous éblouissent dans leur répartie parfois vous les détestez.

Comment s'est changée votre vie quotidienne au cours de l'écriture?

Je ne peux pas dire que ma vie quotidienne a changé. Je suis peut-être plus attentive à ce qui se passe autour de moi car en fait tout peut être utilisé dans l'écriture d'un roman. La mémoire a une capacité à garder et à classer les informations qui est absolument extraordinaire. Je suis toujours surprise de voir ce qui peut rejaillir de ma mémoire. Cela me fascine littéralement.

Que faites-vous quand vous n'écrivez pas ?

Pour moi la vie ce n'est pas que l'écriture, c'est lire, aller aux spectacles, aux concerts, rencontrer des amis, passer du temps avec les personnes que j'aime, flâner, voyager et jouer au golf.

Qu'est ce qui vous a conduite à l'écriture? Par qui ou quoi ?

C'est un désir que je nourris depuis longtemps, que j’avais commencé à concrétiser quand j'étais beaucoup plus jeune et que j'avais abandonné. Comme je suis journaliste, il est toujours très facile de sauter le pas et de se lancer dans l'écriture d'un livre qui peut-être un roman ou autre. Mon rédacteur en chef à Dakar m'avait suggéré d'écrire un livre, puis des amis. Mais, celui qui eut gain de cause est mon mari qui a su me donner confiance en moi, car écrire un roman est un travail de longue haleine. Pour m'encourager, il m'avait cité l'exemple du faucheur qui regardait chaque soir derrière lui ce qu'il avait fauché et jamais devant pour ne pas être découragé. Un jour, à force de persévérance, il s'était retrouvé de l'autre côté du champ. C'est le moment où vous taper le mot fin de votre roman.

Qu'aimez-vous dans l'écriture et qu'est-ce que vous aimez le moins ?

J'aime la liberté qu'offre l'écriture mais beaucoup moins la discipline qui est indispensable. Écrire un livre c'est beaucoup de travail, beaucoup de stress. Il y a des moments de perte totale de confiance car votre histoire n'avance plus ou que votre style s'égare. Parfois, vous ne pouvez même plus rédiger une phrase correctement. Vous avez envie de pleurer et le doute qui s'installe en vous peut vous poursuivre longtemps : plusieurs semaines ou plusieurs mois. La fragilité de l'écriture m'effraie aussi. Il ne faut rien pour bloquer votre écriture. Et cela peut arriver à n'importe quel moment. Écrire vous rend vulnérable. Vous ne pouvez pas écrire sans dévoiler une partie de vous-même, et les critiques sont parfois des coups de poignard dans votre ego.

Comment gèrent ton conjoint / ta famille ta "folie d'écriture" ?

Je ne suis pas atteinte de folie d'écriture. Mon conjoint me soutient. Un peu trop parfois et nos enfants me jugent souvent trop dure dans mes écrits.

Qu'aimez-vous lire? Quel genre? Quels sont vos auteurs préférés ?

J'aime les policiers quand je suis fatiguée. Sinon, j'aime les romans (Toni Morrison, Ken Folliett, Paulo Coelho, Mariama Bâ, Tahar ben Jelloun, Metin Arditi, Philip Roth, ... ) et quand le moral flanche : Sénèque.

Lorsque tu lis un livre, tu le lis comme une personne lambda ou comme un auteur ?

Je lis un livre comme n'importe quel lecteur car c'est avant tout un plaisir, mais parfois je me surprends à prendre des notes quand certains passages me séduisent car j'ai toujours un crayon et un papier à côté de moi. J'aime être séduite par les livres que je lis aussi bien par le fond que par la forme. Je trouve qu'il y tellement, tellement d'auteurs talentueux que je doute encore plus de moi. A d'autres moments, j'ai l'impression de perdre mon temps, parce que le livre est inintéressant, (les histoires sont parfois d'une rare nullité) redondant, et que le style se veut précieux. Dans ce cas, j'abandonne, car il y a trop de bons livres à lire sans perdre mon temps avec la médiocrité.

Quel livre aurais-tu aimé avoir écrit toi-même ?

...Difficile à dire, Il y a beaucoup d'auteurs que j'aime et que j'admire pour leur style et leur imagination. Mais je pense que j'aurais aimé écrire de la poésie comme Rimbaud, Eluard ou Verlaine car pour moi la poésie est un exercice extrêmement difficile et un beau poème est un baume pour l'âme.

Quelles sont les critiques que tu as le plus aimées ou qui t'ont le plus contrariée ?

La critique positive est sans doute celle où l'on m'a dit que mon livre était trop court et que les derniers chapitres étaient trop rapides car ces lecteurs se sentaient frustrés de terminer mon livre aussi rapidement. Pour moi ne pas avoir envie de terminer un livre est un immense compliment. Ce qui m'énerve, en revanche, ce sont les critiques souvent non fondées qui émanent de personnes qui n'ont jamais rien écrit, qui ont des avis sur tout, qui expliquent votre livre mieux que vous, l'auteur, avec une absence de sensibilité déconcertante.

Quel est ton prochain projet ?

J'ai déjà un autre roman qui est pratiquement terminé et je travaille actuellement sur un livre qui sera constitué de portraits de personnes vivant au Sud-Kivu en République Démocratique du Congo. Cette région a longtemps été une zone de guerre (et l'est encore parfois), mais la population est là avec ses histoires, ses sourires et ses larmes.
    Où est-ce qu'on te trouve sur l'Internet?

Sur facebook, mon blog et si vous voulez sur google "Ahyi-Hoesle" pour les retombé méditiques au moment où j'avais présenté mon roman au Sénégal, au Laos, sur RFI et au Rwanda.
https://www.facebook.com/pages/V%C3%A9ronique-Ahyi-Hoesle/576675549072165
http://ahyi-hoesle.blogspot.com
http://www.rfi.fr/emission/20101214-1-veronique-ahyi-hoesle/
http://www.newtimes.co.rw/news/index.php?i=14974&a=52894

mercredi 12 février 2014

Extrait du livre que j'écris : "Portraits du Sud Kivu"
Seule sur les routes d'un Congo en guerre

"Chassée du foyer conjugal par son mari, à Bukavu, Aimée, en février 1998, enceinte de quatre mois, deux enfants en bas âge et une valise, sillonne les routes d'un Congo toujours en guerre. Ses souvenirs embuent son regard et altèrent sa voix. Elle chuchote comme si elle voulait taire la souffrance qui l'étreint encore. Je la laisse se ressaisir. Elle fixe un point imaginaire sur le napperon qui recouvre la table de son salon. Pour faire diversion, je regarde par la porte ouverte une jeune fille qui prépare des crêpes dans la cour sur un fourneau malgache. C'est rare de voir les gens cuisiner. Dans les maisons où j'étais allée les jours précédents, il n'y avait aucune trace de repas à midi. Pas même un biscuit ou une mangue posée sur la table. Manger à midi me confirme qu'Aimée, sage-femme à Baraka appartient aux nantis de la ville. « On peut continuer » me dit-elle avec un petit sourire d'excuse.

 Le voyage de retour est chaotique. Les routes sont coupées. Les passagers doivent, à plusieurs reprises, descendre des véhicules et continuer le trajet à pied. Elle passe deux nuits dehors avec ses enfants sans savoir comment regagner Baraka. Les véhicules sont rares. Elle avance, seule, le cœur gros, minée par le chagrin, dans un pays en guerre. Son trajet, se terminera à Nundu à une trentaine de kilomètres de Baraka, dans la maison familiale... déserte. Ses parents sont partis en Tanzanie dans un camp de réfugiés".

jeudi 6 février 2014

Histoire africaine

Sur la route, près d'Uvira (RDC), un véhicule réhaussé d'une croix en bois et de quelques fleurs déjà fanées à cause de la chaleur se déplace lentement. Un enterrement ! Dans la procession un officier que nous rencontrons souvent au bureau de l'immigration à la frontière du Burundi et du Congo. Il nous reconnaît et s'approche de nous, l'air grave, pour nous saluer. Est-ce un proche lui demande notre chauffeur qui le voit depuis déjà des années, pratiquement chaque semaine. Oui, c'est mon grand-père. Il était déjà âgé. Il avait au moins 148 ans. Quand on sait que l'espérance de vie au Congo ne dépasse pas les 60 ans. C'est plus qu'un miracle !

jeudi 2 janvier 2014

Afrique du Sud - Marché à l'Africaine

Plus grand que le Morning Market de Vientiane ou le marché Sandaga de Dakar, celui de Durban est impressionnant par sa taille, (il faudrait presque un GPS pour se repérer), et la diversité des produits que l'on peut y trouver.
Si les étals de fruits et de légumes ont moyennement retenu mon attention car après toutes les années passées en Afrique, la viande exposée aux mouches ne m'impressionne plus et me semble d'une grande banalité, j'ai toutefois été frappée par le nombre de têtes de vaches qui étaient en train d'être dépecées. Des têtes aux yeux morts mais qui semblaient encore vous regarder et vous accuser de l'avoir sauvagement tuée. De quoi devenir végétarienne !
Mais ma préférence est allée sans aucun doute, vers les stands difficiles à photographier, ceux où l'on trouvait indifféremment des crânes de singe séchés, des sabots de cheval, des peaux de serpents, des morceaux de serpents, de crocodiles, d'iguanes, des insectes, des plumes sur des cadavres de volatiles suspendus, des milliers de choses bizarres et inattendues. Tout tentait à créer une ambiance macabre, irréelle et occulte.
Naturellement, quand j'ai voulu demander à quoi servait toutes ces choses étranges provenant sans exception  d'espèces vivantes, les réponses m'ont été données avec une extrême parcimonie. Je me demande d'ailleurs si en cherchant bien, je n'aurais pas pu trouver un morceau d'humain, décapité pour avoir eu 6 doigts ou une quelconque autre anomalie.

Bref, si j'ai eu la certitude que toutes ces étrangetés étaient bel et bien utilisées à des fins occultes et servaient à guérir, rendre heureux, trouver un mari et le garder, devenir riche, puissant, réussir en affaire, enfin tout ce que l'être humain recherche, il me manque les posologies. Dommage, j'aurais eu plaisir à offrir à certaines de mes amies, dans un bel emballage avec un beau nœud aux couleurs sud-africaines, des phalanges de singe, des dents de crocodile, ou une tranche séchée de reptile à mon retour en France.

Durban, sur les traces de Gandhi !

Difficile de se rendre à Durban sans aller à Inenda, à une vingtaine de kilomètres, visiter la maison de Gandhi détruite après des affrontements entre indiens et noirs en 1985 et reconstruite à l'identique et l'imprimerie qu'il avait créée en1904. Car c'est en Afrique du Sud que Mahatma Gandhi, de son vrai nom Mohandas Karamchand Gandhi, a développé sa stratégie de désobéissance civile non-violente, à la fin du 19ème siècle. Après avoir été renvoyé d'un compartiment réservé aux blancs, Gandhi, Choqué par la discrimination raciale dans ce pays, organise la lutte de la communauté indienne pour ses droits civiques et contre les lois ségrégationnistes. Ce qui lui vaudra plusieurs séjours en prison, jusqu’à son retour en Inde, en 1914.
Pendant son séjour en Afrique du Sud, Gandhi a vécu avec son épouse et ses enfants 10 ans à Inenda à lisière du township. Sa maison classée au patrimoine national abrite aujourd'hui des documents et des photos de Gandhi.

Au début de la deuxième Guerre des Boers, en 1899, Gandhi déclare que les Indiens doivent soutenir l'effort de guerre s'ils veulent légitimer leur demande de citoyenneté. En 1904, après avoir fondé le journal Indian opinion, il rachète peu après l'établissement Phoenix, qui devient la Tolstoï farm, nommé en l'honneur de l'écrivain, où tous les rédacteurs du journal participent aux travaux agricoles et reçoivent le même salaire sans distinction de métier, de nationalité ou de couleur de peau. Enfin, c'est pendant son séjour à Inenda qu'il élabora son idéal de résistance passive qu'il met en pratique pour la première fois en 1906.
Le combat de Gandhi contre le racisme, sa résistance à l’oppression par le biais de la désobéissance civile de masse et sa politique de non violence influencèrent de nombreux leaders dont  Martin Luther King et Mandela.

mercredi 1 janvier 2014

Les chutes Victoria vues du Zimbabwe


Considérées comme les plus belles chutes au monde avec celles d’Iguaçu et du Niagara, Les Victoria Falls peuvent être admirées aussi bien à partir du Zimbabwe que de la Zambie. Chaque année, des milliers de visiteurs font le voyage pour les immortaliser.

Avant de nous rendre à Durban, nous avons, nous aussi, voulu nous arrêter à Victoria Falls. Une heure et demie de vol de Johannesburg, vingt minutes de voiture et vingt minutes de marche et nous nous retrouvons face à un spectacle magnifique. Longues de près de 2 km, elles sont situées sur le fleuve Zambèze qui constitue à ce endroit la frontière entre la Zambie et le Zimbabwe. Elles peuvent atteindre, à certains endroits, une hauteur de 108 mètres.

Connues des populations locales sous le nom de Mosi-oa-Tunya, "la fumée qui gronde", elles furent baptisées en l'honneur de la reine du Royaume-Uni, "Victoria Falls" par l'explorateur écossais, David Livingstone, qui fut le premier européen à les observer en 1855.

Nous ne connaissons pas encore les Niagara Falls, mais nous irons les voir à notre prochain voyage au Canada, mais une chose est sûre, les chutes Victoria sont absolument spectaculaires.

Dans la brume des chutes:



Afrique de Sud - Shakaland, une journée avec les Zoulous



Il nous était impossible de passer deux semaines dans le Kwazulu Natal, sans aller voir les Zoulous, ethnie qui a marqué notre imagination, par leurs redoutables combats, leur acharnement et leur cruauté. Aller sur les traces du roi Shaka dont l'histoire avait été reprise sur le grand écran ne pouvait être qu'un moment à ne pas louper.

A près de deux heures de voiture de Durban, si on ne se perd pas, Shakaland, bien que touristique vaut le détour. Caché dans les collines, vous pouvez y passer une journée, si vous le souhaitez, et même plus car des cases sont aménagées pour recevoir les touristes plus longtemps. De guerriers, ils sont devenus de redoutables hommes d'affaires où tout est parfaitement orchestré pour le touriste. Dès votre arrivée, un Zoulou, en tenue traditionnelle, vous accueille et vous conduit à la réception (impossible de ne pas payer) et vous choisissez votre programme : projection d'un film (dans un case climatisée), visite du village, repas zoulou et danse. 



Le guide qui ne manquait pas d'humour, nous a fait découvrir les traditions et l'habitat zoulou : une case pour l'homme dans laquelle il vit seul, d'autres pour ses femmes et les enfants en bas âge, une pour les adolescentes et une autre pour les adolescents mâles, toujours à la droite pour qu'ils puissent se saisir de leur lance et attaquer l'animal du coté droit en cas de danger. Au cours de cette visite, il était intéressant d'assister au choc des cultures et des sexes : des jeunes sud-africaines, noires, attaquaient avec véhémence le guide, ses propos sur la polygamie et la soumission de la femme. La démonstration des danses guerrières vous fait froid dans le dos et vous êtes heureux de ne jamais les avoir rencontrés en face de vous.


Pendant la visite à Shakaland, la présence du roi Shaka vous accompagne car non seulement sa mère est née près du village, mais lui-même a grandi dans une colline voisine. Jusqu'à présent il demeure un culte chez les Zoulous qui représentent environ 7 % de la population sud-africaine soit près de 10 millions d'individus.
Vous ne pouvez terminer la visite sans boire de la bière dans une calebasse et à ce moment, mieux vaut ne pas penser aux dizaines de personnes qui ont déjà trempé leurs lèvres avant vous. Mais l'alcool détruit les bactéries, parait-il.