jeudi 20 mars 2014

Un détecteur de mensonges particulier

On se souvient tous de Basic Instinct et de Sharon Stone soumise au détecteur de mensonge pour mesurer ses réactions physiologiques et détecter ainsi si oui ou non elle avait commis les crimes au pic à glace. Mais ce que l'on sait moins, c'est que les premiers détecteurs de mensonges utilisant les réponses physiologiques d’un suspect datent de -1000 avant J.C., et qu'on les trouvait en Chine. En effet, les personnes suspectées de mentir étaient obligées de mâcher du riz sec avant de le recracher et si le rejet était sec, la personne était alors déclarée coupable car la peur assèche la bouche et diminue la salivation.

Lors de mes pérégrinations au Congo, mon attention fut attirée par un objet étrange aperçu chez un antiquaire. Une statuette en bois, d'une trentaine de centimètres, composée de deux parties : d'un socle et d'un buste et de deux bras posé en équilibre sur le socle. Cette statuette était naguère utilisée dans les tribunaux pour détecter si les suspects mentaient ou non. Si la partie mobile de la statuette se mettait à tourner et tombait du socle pendant l'interrogatoire, l'accusé était immédiatement condamné, en revanche, si la statuette restait immobile le prévenu était maintenu en liberté. Ce qui est absolument fascinant dans cette statuette est la façon dont le buste tient en équilibre alors qu'il est simplement posé sans rien pour le retenir. Maintenant pour avoir vu des tribunaux au Congo (Sud Kivu), sans murs, ouverts au vent, juste avec un toit, je me demande, comment cela se passait quand la météo n'était pas faste. Sans doute y a-t-il eu des personnes injustement condamnées parce que les Dieux du vent avaient décidé de se lever. Mais personne ne nous le dira jamais.

dimanche 2 mars 2014

Qinterview avec Véronique Ahyi-Hoesle - traduit de l'allemand


L'heure est venue de donner votre première Qinterview. Les lecteurs ont choisi de vous connaître davantage. La Qinterview paraîtra sur la page Qindie.de et dans son bulletin. Nous attendons vos réponses avec impatience.

    Qui êtes-vous et que faites-vous en termes d'auto-édition ?

Il est toujours difficile de se présenter soi-même et les auteurs, sauf s'ils sont d'un extrême narcissisme, écrivent pour ne pas avoir à répondre à ces questions. La meilleure façon de me découvrir est de lire mon livre. On a recours à l'auto édition, non pas par choix, car chacun rêve de voir ses livres, hyper médiatisés, en tête de gondoles mais par résignation.

    Qu'est-ce qui vous a décidé à publier vous-même vos livres ?

Quand on écrit un premier livre on montre parfois des signes d'impatience et on a tendance à aller au plus facile parce que trouver des éditeurs relève du parcours du combattant. Même avec beaucoup de détermination, les refus ou la condescendance finissent par avoir raison de vous et de votre obstination. Il s'installe aussi en vous un doute qui relève du manque d'expérience et par découragement ou par crainte de ne pas être édité, il est plus facile de se réfugier dans l'auto-édition. C'est aussi une façon de se protéger, de garder l'espoir qu'un éditeur connu aurait pu accepter votre livre. Dans mon cas, j'avais signé un contrat avec une maison d'édition qui s’avérait être une maison d'arnaqueurs.



Quelles sont vos expériences passées avec l'auto-édition ?

C'est ma première expérience. Sortir de l'anonymat parce que les lecteurs de Qindie ont voulu me connaître davantage me semble déjà très encourageant car la concurrence est rude et que le nombre de livre auto-édités ne cessent de croître.

Que pensez-vous problématique dans l'auto-édition ?

Ce qui est sans doute le plus frustrant dans l'auto-édition est l'anonymat. Il est difficile de sortir du lot, d'être médiatisé, d'avoir de bonnes retombées car tout le monde se déclare auteur. Chacun pense avoir une histoire géniale à raconter avec un style, des tournures, des mots qui ne sont pas toujours appropriés à la littérature. Je pense qu'il faudrait une meilleure sélection. Il est d'autre part impératif de faire lire et corriger ses livres par des professionnels pour ne pas tirer le niveau des romans auto-édités vers le bas.

Qu'est-ce qui vous semble utile pour résoudre le problème ?

Qindie est déjà une belle alternative puisqu'elle décerne des labels de qualité aux romans qui le méritent. Au moins le lecteur sait que tous les romans avec le sigle de Qindie ont été lus et approuvés par un comité de lecture et que ces romans sont correctement écrits. Maintenant, une fois que les livres ont été sélectionnés et que de surcroît ils plaisent aux lecteurs, il serait souhaitable que Qindie par exemple suivent ces auteurs pour les promouvoir comme vous avez déjà commencé en donnant la parole à certains auteurs et en proposant le téléchargement gratuit de leur livre. Pour un auteur il est important que son livre soit lu. Les retombées financières ne sont qu'aléatoires.

Pourquoi choisissez-vous délibérément le chemin ardu de l'auto-édition ?

Je crois avoir déjà répondu à la question. Le chemin difficile peut s'avérer à un moment être le plus facile. En ce qui me concerne, j'ai résilié mon contrat avec ma maison d'édition, car je n'étais pas satisfaite. Le livre était trop souvent en rupture. Comme je voulais que le livre continue à être publié et soit disponible pour répondre à la demande, j'ai choisi de l'auto-éditer. Le format, les caractères, le papier, la couverture, tout existait déjà. Il ne m'a donc pas été difficile de « switcher ». Pour les autres livres, il est évident que je m'y prendrai différemment car j'aurai déjà eu mon expérience.

Qui sont vos lecteurs test et pourquoi eux ?

Mon mari, des amis au sens critique exacerbé et, quand le livre a été retravaillé, des lectrices professionnelles pour avoir un feedback professionnel ou une traductrice de livres. Il faut que le livre soit parfaitement clair et les mots extrêmement précis pour pouvoir le traduire et les commentaires d'une traductrice me sont précieux.

Avez-vous déjà eu une rencontre avec un fan qui vous a inspiré une idée?

Plutôt un détracteur car même si vous n'êtes pas d'accord avec ce qu'il vous dit, il en reste toujours quelque chose. L'un d'eux m'a donné l'envie de l'intégrer dans un prochain roman. Les détracteurs sont parfois des personnages intéressants par leurs contradictions, leurs propos erronés, et quand vous cherchez derrière, vous découvrez de vrais personnages de roman.

Vous arrive-t-il parfois que les personnages fassent ou disent autre chose que ce que vous avez prévu?

Bien sûr et cela provoque parfois une rupture dans l'écriture qui peut durer assez longtemps. Parfois les personnages vous éblouissent dans leur répartie parfois vous les détestez.

Comment s'est changée votre vie quotidienne au cours de l'écriture?

Je ne peux pas dire que ma vie quotidienne a changé. Je suis peut-être plus attentive à ce qui se passe autour de moi car en fait tout peut être utilisé dans l'écriture d'un roman. La mémoire a une capacité à garder et à classer les informations qui est absolument extraordinaire. Je suis toujours surprise de voir ce qui peut rejaillir de ma mémoire. Cela me fascine littéralement.

Que faites-vous quand vous n'écrivez pas ?

Pour moi la vie ce n'est pas que l'écriture, c'est lire, aller aux spectacles, aux concerts, rencontrer des amis, passer du temps avec les personnes que j'aime, flâner, voyager et jouer au golf.

Qu'est ce qui vous a conduite à l'écriture? Par qui ou quoi ?

C'est un désir que je nourris depuis longtemps, que j’avais commencé à concrétiser quand j'étais beaucoup plus jeune et que j'avais abandonné. Comme je suis journaliste, il est toujours très facile de sauter le pas et de se lancer dans l'écriture d'un livre qui peut-être un roman ou autre. Mon rédacteur en chef à Dakar m'avait suggéré d'écrire un livre, puis des amis. Mais, celui qui eut gain de cause est mon mari qui a su me donner confiance en moi, car écrire un roman est un travail de longue haleine. Pour m'encourager, il m'avait cité l'exemple du faucheur qui regardait chaque soir derrière lui ce qu'il avait fauché et jamais devant pour ne pas être découragé. Un jour, à force de persévérance, il s'était retrouvé de l'autre côté du champ. C'est le moment où vous taper le mot fin de votre roman.

Qu'aimez-vous dans l'écriture et qu'est-ce que vous aimez le moins ?

J'aime la liberté qu'offre l'écriture mais beaucoup moins la discipline qui est indispensable. Écrire un livre c'est beaucoup de travail, beaucoup de stress. Il y a des moments de perte totale de confiance car votre histoire n'avance plus ou que votre style s'égare. Parfois, vous ne pouvez même plus rédiger une phrase correctement. Vous avez envie de pleurer et le doute qui s'installe en vous peut vous poursuivre longtemps : plusieurs semaines ou plusieurs mois. La fragilité de l'écriture m'effraie aussi. Il ne faut rien pour bloquer votre écriture. Et cela peut arriver à n'importe quel moment. Écrire vous rend vulnérable. Vous ne pouvez pas écrire sans dévoiler une partie de vous-même, et les critiques sont parfois des coups de poignard dans votre ego.

Comment gèrent ton conjoint / ta famille ta "folie d'écriture" ?

Je ne suis pas atteinte de folie d'écriture. Mon conjoint me soutient. Un peu trop parfois et nos enfants me jugent souvent trop dure dans mes écrits.

Qu'aimez-vous lire? Quel genre? Quels sont vos auteurs préférés ?

J'aime les policiers quand je suis fatiguée. Sinon, j'aime les romans (Toni Morrison, Ken Folliett, Paulo Coelho, Mariama Bâ, Tahar ben Jelloun, Metin Arditi, Philip Roth, ... ) et quand le moral flanche : Sénèque.

Lorsque tu lis un livre, tu le lis comme une personne lambda ou comme un auteur ?

Je lis un livre comme n'importe quel lecteur car c'est avant tout un plaisir, mais parfois je me surprends à prendre des notes quand certains passages me séduisent car j'ai toujours un crayon et un papier à côté de moi. J'aime être séduite par les livres que je lis aussi bien par le fond que par la forme. Je trouve qu'il y tellement, tellement d'auteurs talentueux que je doute encore plus de moi. A d'autres moments, j'ai l'impression de perdre mon temps, parce que le livre est inintéressant, (les histoires sont parfois d'une rare nullité) redondant, et que le style se veut précieux. Dans ce cas, j'abandonne, car il y a trop de bons livres à lire sans perdre mon temps avec la médiocrité.

Quel livre aurais-tu aimé avoir écrit toi-même ?

...Difficile à dire, Il y a beaucoup d'auteurs que j'aime et que j'admire pour leur style et leur imagination. Mais je pense que j'aurais aimé écrire de la poésie comme Rimbaud, Eluard ou Verlaine car pour moi la poésie est un exercice extrêmement difficile et un beau poème est un baume pour l'âme.

Quelles sont les critiques que tu as le plus aimées ou qui t'ont le plus contrariée ?

La critique positive est sans doute celle où l'on m'a dit que mon livre était trop court et que les derniers chapitres étaient trop rapides car ces lecteurs se sentaient frustrés de terminer mon livre aussi rapidement. Pour moi ne pas avoir envie de terminer un livre est un immense compliment. Ce qui m'énerve, en revanche, ce sont les critiques souvent non fondées qui émanent de personnes qui n'ont jamais rien écrit, qui ont des avis sur tout, qui expliquent votre livre mieux que vous, l'auteur, avec une absence de sensibilité déconcertante.

Quel est ton prochain projet ?

J'ai déjà un autre roman qui est pratiquement terminé et je travaille actuellement sur un livre qui sera constitué de portraits de personnes vivant au Sud-Kivu en République Démocratique du Congo. Cette région a longtemps été une zone de guerre (et l'est encore parfois), mais la population est là avec ses histoires, ses sourires et ses larmes.
    Où est-ce qu'on te trouve sur l'Internet?

Sur facebook, mon blog et si vous voulez sur google "Ahyi-Hoesle" pour les retombé méditiques au moment où j'avais présenté mon roman au Sénégal, au Laos, sur RFI et au Rwanda.
https://www.facebook.com/pages/V%C3%A9ronique-Ahyi-Hoesle/576675549072165
http://ahyi-hoesle.blogspot.com
http://www.rfi.fr/emission/20101214-1-veronique-ahyi-hoesle/
http://www.newtimes.co.rw/news/index.php?i=14974&a=52894