jeudi 18 avril 2013

Bonne route pour le Congo !

Bujumbura, capitale du Burundi, Baraka, ville du Sud Kivu de l'autre côté du lac Tanganyika, 128 kilomètres et plus de quatre heures de piste pendant lesquelles votre tête semble vouloir se dévisser du reste de votre corps et où vos vertèbres jouent des castagnettes à chaque crevasse. Et des crevasses, il y en a !
 Et dire que cette distance est couverte en France en une heure si, bien sûr, l'on ne redoute pas les radars et la perte de points sur son permis de conduire. Ici les menaces sont toute autres, s'embourber, traverser les rivières, éviter les chèvres, les bicyclettes, les motos-taxis et dépasser des camions en surcharge avec, pour couronner le tout, une armada de mineurs, juchés sur des sacs, des bidons, des jerrycans, du matériel, et tous en équilibre précaire. Mais, pour la Mzungu que je suis, l'expédition vaut son pesant de manioc !



Après voir passé la frontière qui ne prend que quelques minutes grâce au « demi congolais » qui nous est délivré et au maintes connaissances de notre chauffeur, l'expédition peut commencer. Dès que l'on arrive sur le sol congolais, les routes qui ne sont pas les meilleures du monde au Burundi se transforment en chemin caillouteux avec une succession incroyable de dos d'éléphants qui vous donnent tout de suite la mesure de ce qui va suivre.

Après Uvira, ville frontière entre les deux pays, les choses se gâtent. Ne vous aventurez pas à boire un coca car il ressortira par vos narines. Non, trouvez déjà la position qui vous permettra de ne pas ressembler à une poupée désarticulée à la fin du voyage et surtout admirez les paysages. Votre souffrance est très vite récompensée par des paysages splendides, des collines verdoyantes, les eaux bleues du lac et les milliers de palmiers et de bananiers qui bordent la piste. Les villages suspendus dans les collines se décrochent petit à petit pour se rapprocher de la chaussée. Partout, des villages traditionnels avec des maisons en terre et en briques, des puits où les enfants viennent s'approvisionner en eau et des femmes, tout au long de la piste, avec dans le dos des paniers débordants de manioc ou de bois et sur la tête des bidons jaunes de récupération.
 Si vous vous arrêtez surgissent de partout des individus que vous n'aviez pas vus et lors de la traversée des rivières qui peut être une véritable aventure pour un chauffeur non averti, des enfants, parfois nus, parce qu'ils prennent leurs bains, s'approchent de la voiture pour réclamer des bouteilles en plastique pour les remplir de « kotiko », nom de la bière locale.

La route est un spectacle permanent et à votre arrivée à destination, après avoir fait quelques mouvements pour vérifier que tous vos os étaient encore en place, vous n'avez qu'une seule question : Alors demain, on va où ?

lundi 15 avril 2013

Madagascar : Bienvenue chez les lémuriens



Andasibé, 3h30 de route de Tana. Nous avons lu et relu notre guide. On veut les voir. C'est parti. En route pour les lémuriens. Destination la forêt de Mantadia où se cachent les plus gros lémuriens qui existent, les indri-indri, des caméléons et nettement moins drôle, des sangsues. Oui, des sangsues ! Alors, au diable l'élégance. On ne rigole plus, on se couvre, des pieds à la tête et ne nous dites pas que notre look n'est pas d'enfer.
Une première question au guide. Dans votre forêt bien humide, vous êtes sûr qu'il n'y a pas de serpents. Mais non, Madame, vous n'en verrez pas. Il n'y en a pas et s'il y en avait, ils fuiraient. De nature méfiante, je préfère regarder où je pose les pieds. Après quelques mètres, un serpent. Bien-sûr personne ne me croit. Stop. Un serpent insistais-je. Marche arrière.
Oh mais qu'il est beau. Certes, mais c'est malgré tout un serpent. Mon enthousiasme décline. Des serpents et des caméléons. Je n'en raffole pas. En plus, il fait lourd et nous sommes couverts comme si nous devions crapahuter le Kilimandjaro. Dilemme, on se déshabille et on fait le bonheur des sangsues ou on continue à transpirer. Prudence, continuons d'éliminer. La marche dans la forêt est laborieuse et nous glissons sur les souches et les feuilles en décomposition. Mais où se cachent ces lémuriens ? Nous progressons dans la forêt quand notre guide nous dit enfin, regardez en haut dans les branches il y en a un puis un autre. Bref, une famille de lémuriens complètement insensibles aux efforts de notre guide pour établir la conversation. Ils le fixent de leurs gros yeux, nous regardent puis tournent dédaigneusement la tête. Sans doute un problème de fréquence ! Déçus de ne pas les avoir entendu vociférer, nous reprenons notre marche. Deux heures pour 6 lémuriens; il faut bien avouer que la pioche n'a pas été géniale.
Indri-indri
De retour à notre lodge, ruisselants et un tantinet contrariés, l'employée de la réception nous propose de voir d'autres espèces, plus petites, plus accessibles, à dix minutes à pied. Pourquoi pas ? Après tout, nous avons quitté Tana, tôt le matin, pour eux. Alors, allons-y, allons les voir de près. Et de près nous les avons vus ! Des dizaines de lémuriens, curieux, s'approchent de nous, sautent autour de nous et, comme s'ils voulaient nous observer de plus près, d'un bond léger nous sautent sur l'épaule, le bras ou la tête. Aïe, nous n'avions pas prévu de nous retrouver le nez dans leur fourrure. Très douce par ailleurs. Ils s'amusent comme des fous et nous nous prêtons à leur jeu, l'effet de surprise passé. Si par malheur, vous leur présentez une banane, c'est fini, ils ne bougent plus. Ils s'installent sur vous indifférents aux crampes que vous êtes en train de développer. La demie-heure que nous avons passée avec eux fut sans doute l'un de nos meilleurs souvenir de Mada et personnellement il ne tenait qu'à un fil que j'en dissimule un dans mon sac à main.