dimanche 25 août 2013

Livre : Jonas Jonasson "Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire"

Un air de déjà lu


Dans le TGV Paris-Avignon. Un homme assis en face de moi, absorbé par son livre, s'esclaffe soudain. Je lève les yeux de mes magazines et l'observe. Il me sourit et reprend sa lecture. Je reconnais la couverture. Ce vieillard au garde à vous en combinaison en éponge rose est unique. Après avoir maintes fois hésité à l'acheter, c'est décidé, après "la douce empoisonneuse" de Arto Paasilinna, je lirai "le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire". Après tout la Finlande et la Suède ne sont pas si éloignées.

image : Amazon
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Très vite mon attention tombe. J'ai une impression de déjà vu, de déjà lu. Le roman ne manque pas d'intérêt, de rythme et pourtant je me surprends à le lâcher à plusieurs reprises. Mais pourquoi donc ? Tout est là. Le vieux est drôle et attachant avec un bon sens à la limite de l'idiotie. Ses rencontres sont désopilantes mais les similitudes entre les deux livres, le style, les péripéties, les personnages me gênent et je regrette d'avoir enchaîné les deux bouquins. L'humour un peu décalé ne m'amuse pas. Parfois un sourire qui se meurt entre deux soupirs. Je l'ai lu pourtant jusqu'au bout en me demandant souvent ce qui différenciait ce roman de celui de Paasilinna. Il est évident que si j'avais commencé par "le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire", je l'aurais lu avec plaisir. Hélas, ce ne fut pas le cas et au fur et à mesure que j'avançais dans le récit, j'avais l'impression de retrouver l'esprit du livre de l'auteur finlandais.

J'ai commis l'erreur de les lire l'un à la suite de l'autre. Je l'admets. Le souvenir de "La douce empoisonneuse" était beaucoup trop présent pour que j'apprécie "Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire" à sa juste valeur. Alors, prise de remords de m'être ennuyée dans le roman de Jonasson et pour m'assurer que ces ressemblances n'étaient pas le fruit de mon imagination je me suis intéressée aux deux auteurs. Jonas Jonasson est un grand admirateur de Arto Paasilina. On l'aura deviné !

samedi 17 août 2013

Vacances culturelles en Provence


Culture et sorties: Le Mont Ventoux
Toute l'année, on les attend, on en rêve, on les prépare et enfin elles arrivent, elles sont là,... nos vacances. Un ou deux mois à Orange, dans le sud de la France, pour se ressourcer culturellement. Le bonheur assuré car, même si l'expatriation c'est sympa avec des séjours ensoleillés aux saveurs épicées et aux spas feutrés, le quotidien manque cruellement d'expos internationales, d'art lyrique et de danse classique ou contemporaine. Alors, hop, nos valises à peine posées, nous nous concoctons notre programme et à nous la joie de profiter d'un environnement éclectique car cette région de France est, il faut le reconnaître, particulièrement riche en événements culturels.

Si une partie de la famille opte systématiquement pour le festival d'Aix et la Roque d'Anthéron, notre choix se porte sur les chorégies d'Orange. Normal, nous sommes devenus Orangeois d'adoption. Mais masos, nous ne le sommes pas et au prix des places, nous évitons soigneusement les "stars" qui nous ont déçus. Une fois, mais pas deux. Nos pérégrinations nous ont aussi conduits à Vaison-la-Romaine pour deux ballets, Dada Masilo Swan Lake et Mudéjar de la Compania Miguel Berna et naturellement Avignon pour humer cette ambiance de théâtre. Enfin, nous avons eu beaucoup de plaisir à assister à plusieurs concerts violon, piano- dans le cadre des Musicales en Tricastin organisées à Saint-Paul Trois-Châteaux et Suze-la-Rousse. S'il nous reste encore un peu de temps nous espérons bien voir l'expo de Cézanne à Matisse au musée Granet d'Aix et la boucle sera presque bouclée.

Chaque année, la mort dans l'âme, nous devons amputer notre programme très ambitieux à notre arrivée, car non seulement notre temps est compté, mais surtout, pas encore doués d'ubiquité, nous ne pouvons assister à toutes les représentations qui souvent se chevauchent. Mais qu'à cela ne tienne, pendant notre séjour, notre cœur vit au rythme des émotions, des découvertes et parfois des déceptions, et reboostés, nous repartons, heureux, dans nos contrées lointaines.

Jazz à Orange
image : nosfestivals.fr



Les chorégies d'Orange - Un Bal Masqué de Verdi : La suprématie des femmes


Pour célébrer le bicentenaire de la naissance de Wagner et Verdi, les chorégies ont programmé deux opéras jamais interprétés au théâtre antique d'Orange, "Le Vaisseau fantôme" de Wagner le 12 juillet, et "Un Bal Masqué" le 3 et 6 août. Si la deuxième représentation du Vaisseau Fantôme avait été annulée, les deux représentations du compositeur italien avaient été maintenues et le public s'était pressé au théâtre antique, un coussin sous le bras, car on ne peut oublier longtemps l'inconfort des gradins en pierre.

Si cet opéra était une première à Orange et qu'il fut, malgré tout, un moment agréable, il ne restera pas gravé dans les mémoires, sauf l'interpétation des trois femmes qui, dommage pour les hommes, les ont de loin surpassés. Kirstin Lewis soprano noire américaine de l'Arkansas qui faisait sa première apparition aux chorégies fut extraordinaire dans son interprétation d'Amelia, la femme infidèle, Sylvie Brunet-Grupposo a été impressionnante par sa présence dans le rôle d'Ulrica et Anne-Catherine Gillet, pétillante dans Oscar fut sans doute la révélation de la soirée. Face à elles, Ramon Vargas, le tenor mexicain qui incarnait Gustav III, roi de Suède alias Ricardo duquel se dégageait pourtant un côté fort sympathique manquait parfois de puissance, malgré sa voix, mais il n'est pas donné à tout le monde de chanter à Orange, et Lucio Gallo, le baryton, dans le rôle du comte, alias Renato, peinait avec sa voix légèrement enrouée. Heureusement, la direction musicale qui avait été confiée à Alain Altinoglu fut un vrai régal.

La mise en scène de Jean-Claude Auvray très épurée, pour ne pas dire extrêmement minimaliste, une chaise que l'on déplaçait et des bancs, fut saluée par des huées et des sifflets à la fin du spectacle. Enfin quelques anachronismes comme la monture des lunettes du comte et la montre qu'il a portée au poignet pendant toute la représentation ont contribué à perturber mon plaisir.