samedi 15 décembre 2012

Bujumbura en images

Vue de Bujumbura et du lac Tanganyika
La grande mosquée
La cathédrale
La place de l'indépendance
La place de la révolution

La librairie St. Paul


 L'entrée de l'Institut  français du Burundi

Le nouveau Café Gourmand, notre deuxième bureau... (voir mes observations)

Marchands ambulants
Marchands ambulants bis

Les mariages du samedi après-midi
jardin-restaurant de la résidence Ubuntu au bord du lac Tanganyika
Notre domicile

Bujumbura: chronique de la vie quotidienne


Un homme électrocuté en pleine ville

Lieu de l'accident
Un matin de novembre, mon chauffeur se rend à son travail, comme tous les jours. Il longe l'avenue de la Tanzanie. Devant lui, un homme, encore jeune, une trentaine d'années, peut-être plus. Lui aussi va travailler. il vient de quitter sa famille, probablement. La journée va être dure. Il exerce un travail manuel et dès 10 heures, il fait très chaud. Il marche, préoccupé par un quotidien qui n'épargne pas les petites gens. Une fraction d'inattention. Son pied glisse, il tombe dans le talus. Mon chauffeur s'arrête, les yeux exorbités. Devant lui, l'homme qu'il suivait est propulsé en l'air, et retombe, carbonisé. Tout s'est passé en deux secondes. Des câbles électriques non protégés traînaient à même le sol. Un attroupement se forme. Le chef de quartier arrive, un camionnette emporte le corps calciné. Un heure après, je passe devant en voiture, quelques badauds sont encore là. La décision a été prise de protéger et d'enfouir les câbles et la vie suit son cours.
une semaine plus tard


Ici, dans l'indifférence totale, un homme encore jeune, est mort, électrocuté, à quelques mètres d'un lycée.

mardi 13 novembre 2012

Burundi : Et la bière coulait à flots !



Chaque année, depuis des décennies, Bujumbura vit un week-end en octobre, à l'heure allemande ou plus précisément à l'heure de l'Oktoberfest (fête de la bière). Cette initiative, comme on s'en doute, créée par un Allemand, est une véritable institution.

Diplomates, expats, locaux, tout le monde se précipite pour trinquer bruyamment et manger du jambonneau bien gras avec de la choucroute ou de la salade de pommes de terre. Les plus téméraires esquissent quelques pas de danse sur "eins, zwei drei, cha cha, cha" émis par un orchestre poussif dont la faible qualité musicale s' est encore étiolée au fil des années. Mais qu'importe, c'est la fête, on est là pour s'amuser, pour boire, et les chopes s'entrechoquent frénétiquement. Gott sei Dank (Dieu soit loué), on a échappé cette année aux tenues traditionnelles allemandes.

En fin de soirée, les rires de plus en plus gras couvrent la musique, les regards errent, et toute inhibition disparue, vous voyez, face à vous, un homme à l'équilibre précaire qui se lève et qui glisse sa main dans la poitrine opulente de sa compagne qui pousse un cri – d'effroi –. Puis, hilare, elle s'attaque à un expatrié assis à côté d'elle, qui ne souhaitait qu'une seule chose, boire une bière en paix.


Plus on est de fous et plus on rit, dit-on, mais quand on passe sa soirée avec une bouteille d'eau plate, notre lucidité nous pousse très vite vers la porte de sortie.

dimanche 11 novembre 2012

Burundi : une Tabaski sans mouton



Après avoir passé 25 ans au Sénégal et m'être régulièrement régalée chez mes amis le jour de la Tabaski, j'étais loin de m'imaginer que l'on pouvait célébrer cette fête, ailleurs, en Afrique, sans sacrifier de mouton.

Bien sûr le Burundi n'est pas le Sénégal et le pays ne compte que 10 % de musulmans, mais une Tabaski sans mouton, c'est quoi ça ?

J'ai passé les semaines qui ont précédé la Tabaski à attendre les moutons. Rien. Alors que Dakar se transforme chaque année en "enclos" à moutons et que la fête alimente toutes les conversations, j'ai traqué le bélier, posé des questions aux quelques musulmans burundais que j'avais rencontrés, mais en vain ! Bujumbura demeurait insensible à la fièvre du mouton. Le jour de la fête arrive. Il doit se passer quelque chose. Je guette les signes qui pourraient me rappeler "ma Tabaski". Une odeur de côtelettes grillées qui viendrait chatouiller mes narines, un boubou, un enfant endimanché, bon alors, un homme "embaziné" au volant d'un gros 4X4 (parce que ça, ça existe) et qui serait parti faire des salamalecs pendant que madame est au fourneau. Et bien non. Le néant !

Le lendemain, je vois Mohamed, un Sénégalais installé à Bujumbura. Mais dis-moi qu'est-ce que tu as fait pour la fête ? "Hé waï, vraiment, c'est un casse-tête quoi, moutons amoul" ! Mais alors ? " man z'ai acheté un zigo de chèvre". "Bajul de", répondis-je, pleine de compassion.

Une semaine plus tard, assise au Club house du golf, j'ai voulu en savoir plus. "Pourquoi est-ce si difficile de manger du mouton dans votre pays" ? j'ai aussitôt senti la consternation dans les regards. Ça ne peut être qu'une étrangère pour poser une question aussi stupide. "Mais le mouton, ce n'est pas de la viande noble, c'est de la viande pour les pygmées". Ah oui, alors vous ne viendrez pas à mon méchoui, insistai-je en souriant. Le silence fut leur réponse. J'ai compris que ma prochaine Tabaski serait tout aussi inexistante que la première. Au fait mes amis, vous faites quoi l'année prochaine à Dakar ?

PS : Désolée pour ma transcription du ouolof !

Burundi : Enfin du bon pain !


S'installer à Bujumbura après le Laos où l'on a plusieurs salons de thé, le pain de Bannetton et des jus de fruits fraîchement pressés, relève de la gageure. Stoïquement, on accepte de manger des croissants qui vous plombent l'estomac, des petits pains d'une redoutable élasticité et des baguettes qui se ratatinent au premier regard.

Les premières semaines au Burundi, on s'efforce de transcender ces petits détails (en espérant que cela ne va pas durer) et on se concentre sur la beauté verdoyante des collines et le lac Tanganyika qui s'étend devant vous. Mais, mais, mais, au bout de trois mois, plus de collines, plus de lac, on veut du pain, des croissants et des vrais !

Et un jour, l'incroyable arrive ! Une boulangerie pâtisserie salon de thé ultra moderne ouvre ses portes. La nouvelle se répand encore plus vite qu'une traînée de poudre. 
"Le Café Gourmand" est pris d'assaut et l'accès aux tables fait l'objet d'âpres discussions. Les expatriés l'assiègent littéralement et les Burundais qui ont délaissé les gâteaux multicolores à la crème s'adonnent avec délectation aux tartelettes aux fraises, éclairs au chocolat, mille-feuilles, opéras et autres pâtisseries. 

 
"Le Café Gourmand" a certes flatté nos papilles, mais il a aussi provoqué une petite révolution dans notre quotidien. Il est devenu l'endroit où il faut être vus et où les croissants se mangent avec un couteau et une fourchette, du bout des lèvres et l'auriculaire levé. 

Pour vous qui auriez envie de venir me voir au Burundi, inutile de vous donner mon adresse. Rendez-vous directement au Café Gourmand. Vous avez mille chances de m'y trouver.

jeudi 8 novembre 2012

Les livres de Mo Yan et de Scholastique Mukasonga à Bujumbura !


Bujumbura, capitale du Burundi située au bord du lac Tanganyanika est pour beaucoup d'européens (sauf pour les Belges bien entendu), une ville énigmatique, lointaine, inconnue. D'ailleurs dites à quelqu'un j'habite à Bujumbura et vous  êtes sûrs que la personne s'y reprend à trois fois pour prononcer le nom et après l'avoir écorché, charcuté, interverti les voyelles et même, dans certains cas, ajouté des syllabes, votre interlocuteur vous fixe, l'air hagard, et vous demande dépité : "c'est où çà" ?

Mais oui, mais oui, Bujumbura est sur la planète terre et le Burundi a des frontières avec le Rwanda, la Tanzanie et le Congo Kinshasa. Ah s'exclame-t-on alors, les safaris, le génocide et Mobutu. A chacun ses références !

Image: Amazon.fr
Image: Amazon.fr
Aujourd'hui, je suis heureuse que cette ville, sans librairie, sauf quelques endroits poussièreux qui datent de l'époque coloniale où vous ne trouvez que des livres sur Jésus, ait depuis des mois, à l'Institut Français du Burundi, le livre "Grenouilles" de Mo Yan, prix Nobel de littérature, et "Notre-Dame du Nil", de Scholastique Mukasonga, le tout nouveau prix Renaudot.

Cette prouesse, nous la devons à la création des pages littéraires du mensuel IWACU que j'ai eu le plaisir de concevoir et démarrer. J'avais pu, en effet, à l'époque, recommander ces livres et les rapporter à l'Institut Français du Burundi qui les avait financés dans un souci de diversifier ses auteurs. Bien-sûr, l'auteur Chinois n'avait pas fait l'unanimité auprès des bailleurs suisses qui l'avaient jugé trop éloigné du petit Burundi. Mais la littérature, avais-je expliqué, c'est aller au delà de la politique du développement, des pays et des continents. Aujourd'hui, deux prix littéraires sont disponibles à Bujumbura et ce, avant même qu'ils ne soient décernés. Ça c'est un scoop !

mardi 7 août 2012

TURANDOT aux Chorégies d'Orange


Alagna sans voix !

L'édition spéciale Chorégies d'Orange 2012 consacrait dans son N°16 deux pages entières à Roberto Alagna. Deux pages dans lesquelles il se gargarisait et se comparait, dans sa façon de travailler, à Placido Domingo. Soit ! Le manque de modestie ne tue pas, mais, sa désastreuse prestation dans Turandot le samedi 28 juillet a dû faire se dresser les cheveux du ténor espagnol.

Installée sur mon petit coussin sur des gradins durs et inconfortables comme 8 000 autres personnes, j'attends, serrée comme une sardine, que 21 h 30 sonne pour pouvoir enfin entendre le grand Alagna, car il faut reconnaître qu'il a une com. qui fonctionne bien et qui sait mobiliser les foules. Dès les premières notes, j'ai le désagréable sentiment que son interprétation ne sera pas inoubliable car sa voix à dû mal à s'élever et à se distinguer de celles des chœurs. Je ne bronche pas, je ne suis pas experte en opéra, mais je sais lire et je ne peux m'empêcher de repenser à l'article du supplément des Chorégies que j'avais lu quelques jours plus tôt : "Je n'ai pas encore appris le rôle, pas eu le temps... Rassurez-vous, je vais m'y plonger sous peu. Cela va faire comme d'habitude : c'est dans l'urgence que je donne le meilleur.... quand on commence à être connu et que l'on doit assumer beaucoup de prises de rôle, on n'a plus le temps d'y consacrer des mois et des mois... il faut apprendre à travailler vite". L'article n'est pas daté, mais je suis journaliste et je devine que les propos sont récents, même si je tiens compte du temps d'impression. Les deux premiers actes vibrent par leur médiocrité. Sa présence sur scène est pratiquement aussi nulle que sa voix. Sa gestuelle raide et saccadée ressemble à celle d'un automate. Difficile de faire passer les sentiments d'un prince épris d'amour prêt à y laisser sa vie.

Fin de l'entracte. Une voix féminine nous demande de regagner nos places et deux minutes plus tard, une voix masculine, cette fois-ci, nous prie d'excuser, par avance, notre ténor vedette qui souffre (ça on l'avait remarqué), d'une maladie aux cordes vocales. A cet instant, je n'ose imaginer que le pire est encore à venir. Nous attendons tous le "Nessun dorma", le clou de la soirée, la raison pour laquelle nous avons dépensé plus de 200 euros et enduré cet inconfort. Il entame les premières notes. Je retiens mon souffle. Il ne va tout de même pas nous le massacrer. Nous attendons l'aria finale et rien, même pas un couac, plus de son, pas même une fausse note. Le silence. Roberto Alagna ou le prince Calaf a perdu sa voix. Il baisse la tête. Michel Plasson, le chef d'orchestre, continue, imperturbable, à diriger son orchestre. Le public, bon joueur, applaudit ce qui reste du ténor qui se décrivait lui-même, quelques jours auparavant comme "un chanteur atypique, un autodidacte qui travaille à la sauvage". Après un tel résultat, on l'aura compris !

De retour chez moi, ulcérée par cette piètre prestation et rongée par le sentiment d'avoir été prise pour une idiote, j’écoute le " Nessun dorma"' interprété par Pavarotti, puis par Placido Domingo. Cette comparaison accentue encore mon mal être. Je veux oublier cette soirée, oublier le nom de Roberto Alagna, ténor d'opérette qui déclarait : "J'aime les personnages qui vont au bout de leurs désirs et de leurs passions". Et bien moi j'aime les chanteurs professionnels qui vont au bout de leur engagement et de leur respect du public.

dimanche 29 juillet 2012

Nager avec les dauphins à Zanzibar !



Zanzibar, l'océan indien, une destination encore méconnue mais au nom enchanteur. Les populations indiennes et arabes y ont laissé une architecture intéressante et les portes sculptées des maisons sont le témoin de ce métissage. Mais que reste-t-il de l'Afrique ? Rien, ou presque rien, si ce n'est une population en grande majorité démunie qui se demande où sont passées et où passent encore les richesses de leur île, car Zanzibar, outre son histoire, offre aujourd'hui un tourisme très cher, pas toujours justifié, même si les plages et la mer turquoise vous font rêver les matins d'hiver lorsque la grisaille et le froid plombent votre moral pour toute la journée.


Stonetown
Zanzibar, avait connu des périodes fastes quand le commerce, et pas seulement celui des épices, avait rempli les poches d'individus qui, dans des bateaux destinés à des contrées lointaines, déversaient de pauvres erres, nés par malchance noirs. La ville de Zanzibar, ou la capitale, jadis très riche, frappe par sa saleté et ses quartiers délabrés. Heureusement quelques hôtels le long du littoral -appartenant à des chaînes ou à des locaux- nous donnent envie de prolonger notre séjour et de partir à la découverte de l'île.


Noix de muscade

Gousses de vanille
Avec un chauffeur et un guide, nous voilà, mon mari et moi, sur la route des épices. Des pauses riches en odeurs, où les épices que l'on ne connaît généralement que sous forme aseptisée, viennent agréablement chatouillées vos narines. Le poivre, le coriandre, les clous de girofles, le cumin, les piments sont à votre portée. Des plantations où tout semble pousser s'étendent devant vous et, avec ravissement, vous voyez les gousses de vanille flirter avec les noix de muscade. Après cette escale olfactive, gustative et bien sûr commerciale, vous poursuivez votre visite de l'île en direction du Nord. Des paysages verdoyants se succèdent et, après quelques heures de route, vous dégustez avec plaisir, sur la plage, un poisson fraîchement pêché. Le lendemain, cap vers le sud et rendez-vous avec les dauphins.

Côte nord
Une petite embarcation vous emmène au large et là, stupeur, des dizaines et des dizaines d'autres embarcations sont déjà là et ont débarqué leur lot de touristes. Les dauphins suivis par ces bipèdes à palmes, semblent s'amuser du rythme qu'ils leur infligent, car après quelques minutes d'un crawl effréné, même les plus entraînés s'en retournent au bateau et demandent, la langue pendante, d'être hissés à bord. Les moteurs recommencent alors à vrombir car, frustrés, ils ne veulent rien perdre de la progression des dauphins. Ce bruit est insupportable et je déplore la présence de tous ces bateaux qui font des ronds dans l'eau et polluent inutilement la mer.

Les dauphins poursuivent leur route sans plus se soucier des touristes, qui, dépités s'en retournent sur la terre ferme. Après ce spectacle auquel j'ai assisté, cramponnée sur mon siège avec un œil rivé sur les cétacés et un autre sur le gilet de sauvetage, j'ai décidé que l'heure était venue de manger. Hé oui, les vacances c'est aussi ça, les découvertes culinaires et à Zanzibar, vous ne serez pas déçus. Un curry bien épicé, s'il vous plaît.


samedi 21 juillet 2012

L'expatriation, quelle blague !


Thaïlande
Laos, Vientiane
Mes messages précédents s'attardaient surtout sur les zones géographiques où je séjournais et les voyages que j'ai effectués. Des images de safaris, de gorilles, une escapade canadienne en hiver pour goûter au grand froid et au dépaysement. Bien sûr, on a les moyens, et on se la joue international. Oui c'est ça, l'expatriation, une vie privilégiée qui monte à la tête, car si dans nos pays d'origine nous ne sommes rien et parfois même, moins que rien : un petit fonctionnaire anonyme dans un petit bureau, sur une petite chaise près d'une petite porte, dans un petit service d'un petit ministère, ou un petit employé d'une petite société, on devient à l'étranger le grand représentant, d'un grand pays, d'une gande société, assis dans un fauteuil trop grand, dans un grand bureau, avec de grands pouvoirs. Les hommes dans leurs nouvelles fonctions affectionnent les superlatifs et les honneurs et les épouses découvrent avec ravissement la joie de compter parmi les happy few, d'évoluer dans un milieu futile et c'est avec délectation qu'elles gèrent une cohorte de domestiques ou plutôt d'esclaves des temps modernes qui leur sont dévoués corps et âmes pour un salaire de misère.
Siège de la commission du Mékong

Notre maison au Laos
Je n'ai pas échappé à la règle, mais heureusement mes activités intellectuelles m'ont toujours permis de survivre car, voyez-vous, les happy few sont souvent des happy ..., que des happy, heureuses de vivre dans l'ombre d'un époux, coupées du monde et de la vie. On ne se fréquente qu'entre nous, selon la position du mari, bien évidemment, mais une tâche de couleur est toujours la bienvenue, pour faire plus locale et puis, les autochtones sont parfois tellement drôles. La vie est réglée par le sport, les massages les pédicures, les manucures, les coiffeurs et les invitations chez les unes et chez les autres : toujours les mêmes qui n'ont rien à dire ni aujourd'hui ni demain sauf les maladresses de leurs domestiques, au services de leurs altesses d'opérette.

Résidence Ubuntu, Bujumbura
La vie d'expatriée peut faire rêver surtout quand on n'est pas un riche héritier et que chaque semaine, il faut s'armer de courage pour aller travailler. Bien sûr, nous avons des avantages, nous voyageons et sommes dans de bonnes conditions pour découvrir de nouveaux pays, mais je vous jure, que rentrer chez soi, poser sa valise, n'avoir personne autour de vous, dans votre intimité qui vous observe et papote dans votre dos, c'est génial. Enfin le retour à la vraie vie comme des millions de compatriotes. Mais au fait, j'y pense j'ai oublié de mettre en route le lave vaisselle et d'étendre le linge. C'est quand que je repars ?
...à Zanzibar


mercredi 30 mai 2012

Safari à Tsavo East : plus jamais les éléphants !

Sans doute allez-vous croire, à la lecture de ce blog, que je passe plus de temps à cotoyer les animaux que les humains. Sans doute n'avez-vous pas tort car après la randonnée avec Carl le trappeur au Québec, précédée quelques semaines plus tôt par une journée en bateau à Zanzibar à la rencontre des dauphins, je décidais à mon retour à Bujumbura de faire une petite escapade gorilles au Congo, puis, d'étendre ma curiosité "animalière" au Kenya lors d'un safari au parc Tsavo.

Mon excitation est à son comble. Je pars à la découverte des big five. Debout dans notre véhicule, la tête hors du toit ouvrant, je m'apprête à vivre une grande expérience. Mais ce fut sans compter avec la pluie qui s'est invitée pendant quelques minutes et qui m'a reléguée en simple passagère scrutant les animaux derrière une vitre poussiéreuse. Heureusement, les éléphants sont assez gros et assez nombreux pour ne pas les rater mais quelle ne fut pas ma frayeur quand nous nous sommes retrouvés sur la piste, coincés  de part et d'autre par des éléphants hésitants, accompagnés de bébés qui se demandaient s'ils allaient ou non traverser devant nous. Sans être des experts des safaris, nous savons qu'il ne faut jamais séparer un éléphanteau de sa mère et nous étions prêts à attendre le temps qu'il fallait. Mais, notre chauffeur, impatient, décide de forcer le passage. Réaction immédiate, les oreilles des éléphants s'écartent, des adultes se dirigent vers notre véhicule l'air pas amusé du tout et un autre décide de nous poursuivre, ses longues défenses bien plantées et menaçantes. J'échange un coup d'oeil avec mon mari. Lui d'habitude stoïque ne sourit plus, ne parle plus. Il évalue le danger. Nous sommes les deux seuls passagers avec le guide et le chauffeur. Rien de plus facile pour un éléphant que de renverser notre véhicule et le piétiner. Nous ne pouvons plus faire marche arrière. Notre salut est d'avancer mais comment avec cet éléphanteau surveillé de près par sa mère et qui décide de traverser seul. Face au danger, je baisse la tête, ferme les yeux et joins les mains. Je n'ai hélas pas de chapelet. Le chauffeur fait rugir le moteur, élance la voiture pour distancer l'éléphant qui nous suit. La voiture frôle l'éléphanteau, part de droite à gauche, se stabilise au milieu de la piste et un épais nuage de poussière rouge vient se coller au pare-brise et aux vitres. Je relève la tête quand tout est terminé. Dieu soit loué, nous sommes encore en vie.

Les girafes, les zèbres et les antilopes présentent nettement moins de danger, c'est sûr, mais la lionne que nous avons vue, nonchalamment couchée sous un arbre non loin de sa progéniture fut photographiée avec zoom, vous l'aurez compris. Pas de léopards, pas de rhinocéros, mais des milliers de buffles que nous avons gardés à distance puis des babouins de toutes les tailles, des autruches aussi hautes que notre véhicule et plein d'autres animaux parfois inoffensifs dont j'ai déjà oublié le nom.

Ce fut encore une très belle visite, mais je pense que maintenant, après tous ces animaux plus ou moins sympathiques, j'aspire dorénavant à voir de bonnes grosses vaches dans les verts pâturages français.

Ciel, des gorilles !


Nous avons tous eu envie, à un moment ou à un autre de notre vie, de jouer les explorateurs tout en priant secrètement pour que cette occasion n'arrive jamais.

Lors de mon séjour au Burundi, j'apprends que je peux aller à la rencontre des gorilles du Kivu. Quelle surprise ! J'ignorais qu'il en existait au Congo. RV est pris. Le 17 mai, j'arrive à Bukavu (capitale du Sud Kivu) et dès le lendemain matin, mon mari, un ami et moi prenons la route du parc Kahuzi-Biega. Dès notre arrivée, des pisteurs pygmées sont envoyés pour les localiser, pendant que nous prenons une tasse de thé avec le responsable du parc. Une fois alertés de leur emplacement, nous partons à leur rencontre, accompagnés d'un guide. Après vingt minutes de marche en forêt, c'est le début de la grande aventure. Un bâton à la main, notre petite équipée se faufile entre les branches. Soudain, le guide ralentit le rythme et nous annonce : ils sont là. Mon cœur bat, je viens de prendre conscience que ces grands singes malgré des apparences amicales, demeuraient malgré tout des molosses de 250 kilos, imprévisibles, avec des états d'âme. Nous avançons doucement pour ne pas les effrayer et frappons dans nos mains pour les avertir de notre présence. Une trentaine de gorilles est là. Le mâle dominant, tel un pacha au milieu de sa cour, est entouré de ses femelles et des bébés à l'air malicieux et rieur s'amusent à faire des roulades sur l'herbe. Tous ont l'air inoffensif, mais dès que les adultes se redressent et qu'ils nous fixent, nous comprenons qu'il vaut mieux ne pas leur tenir tête. Après trois quarts d'heure à les avoir observés, nous décidons de partir avant qu'ils ne manifestent trop de signes d'impatience.

Michebere somnolent
Michebere somnolent
Suivis des yeux par des sentinelles gorilles dissimulées dans des arbres, nous prenons le chemin du retour. Nos pisteurs pygmées s'amusent à passer sous des branches très basses alors que nous devons les contourner et ils éclatent de rire. Hors de danger, je pose enfin la question qui me turlupinait. Y a-t-il déjà eu des incidents avec les gorilles ? Oui, me répond le guide très sérieusement. Et dans ces cas, ce n'est pas un mois d'hospitalisation, mais un an car votre corps est pratiquement broyé. Charmante perspective me suis-je dit en hâtant le pas pour mettre encore plus de distance avec ces primates que je ne trouvais plus du tout sympathiques.

mardi 29 mai 2012

Une soirée à Kigali

Lundi 23 avril, il est 19 h 30, la salle de Ishyo Arts Center de Kigali est plongée dans l'obscurité, seule la scène est allumée. Quatre comédiens, deux hommes et deux femmes juchés sur des tabourets avec des feuillets dans les mains vont, tour à tour, lire des extraits de mon roman, "Ayélé fille de l'ombre".

Ces extraits, je ne les ai pas sélectionnés. Je les découvre avec les invités. Mon cœur bat. J'ai peur que mon texte m'échappe. Les comédiens se relayent. Chacun à une lecture personnelle de l'histoire mais l'émotion passe et je m'étonne qu'ils aient choisi, eux aussi, des passages que j'ai aimés. Sur la scène, face à eux, avec quelques invités qui étaient venus me rejoindre pour être plus proche de l'auteure, le micro m'est parfois tendu pour que je rebondisse sur leur lecture et m'exprime sur le contenu du livre qui pose, entre autres, la question du racisme. Mais n'est-ce pas un thème lourd de sens quand il est abordé dans un pays meurtri par le génocide.

Cette rencontre non seulement originale mais extrêmement intéressante, dans une ville que je ne connaissais pas ou si peu restera, pour moi, un souvenir très fort. Et comment oublier l'hospitalité rwandaise ?

(l'article de Sembura ici)

samedi 21 avril 2012

atelier d'écriture à Bujumbura avec Michèle Rakotoson

Véronique, un étudiant burundais et Michèle Rakotoson
"Rêve brisé" est une nouvelle que j'ai écrite à Bujumbura dans le cadre de l'atelier d'écriture organisé par l'Institut français du Burundi et animé par l'auteure malgache Michèle Rakotoson. Expérience intéressante qui a facilité mon insertion dans cette ville que je ne connaissais pas. J'ai pu rencontrer différentes personnes et l'opportunité m'a été offerte de collaborer pendant quelques mois avec un mensuel, de créer et de coordonner ses pages littéraires.

RÊVE BRISÉ


Nouvelle
Véronique Ahyi-Hoesle

Les signaux lumineux clignotent, les passagers bouclent leur ceinture de sécurité dans une synchronisation parfaite, et la chef de cabine, de sa voix de guimauve, souhaite la bienvenue sur le vol Paris-Dakar. Le départ est imminent. Assise dans la toute première rangée, les yeux mi-clos, Chloé se laisse aller à la rêverie. Le Sénégal ! À 25 ans, elle va tenir la promesse qu’elle s’est faite à la mort de ses parents, survenue dans un accident de voiture une nuit glaciale de décembre, alors qu’elle n’était encore qu’une adolescente. Elle deviendra médecin et mettra ses compétences au service de la population, loin de chez elle, là-bas où les gens démunis de tout, gardent encore le sourire. Les minutes s’écoulent et le silence interrompt la rêverie de la jeune femme. Étrange, pense-t-elle, les réacteurs sont muets et les hôtesses figées comme des cierges dans les deux allées latérales. Soudain, des hurlements retentissent à l’arrière de l’appareil. Des hurlements déchirants, des hurlements qui vous font froid dans le dos, des hurlements inhumains. Les passagers échangent des regards inquiets. Des rumeurs insensées se propagent et les interrogations fusent de toutes parts. Une hôtesse, dépassée par les événements, se hâte vers le cockpit et revient accompagnée du commandant de bord qui, dans sa précipitation, en a oublié sa casquette. Les curieux se tortillent, s’entortillent, se détortillent sur leur siège, allongent leur cou pour ne rien perdre du raffut, alors que les plus fouineurs, à la recherche du scoop, ont enlevé leur ceinture et se sont installés à califourchon sur leur siège. Mais que se passe-t-il enfin, s’interroge Chloé bouleversée par ces cris récurrents et, pour ne pas faillir au serment d’Hippocrate qu’elle a récemment prononcé, s’apprête à saisir sa trousse médicale dans le coffre à bagages, quand la grosse main de son voisin s’abat sur son avant-bras. « Du calme, jeune fille. Y’a rien de grave. Personne n’est malade dans cet avion. Dès que nous aurons décollé tout va rentrer dans l’ordre. C’est toujours la même chose ! » Freinée dans son élan, Chloé le regarde dubitative: « Que voulez-vous dire ? », s’étonne-t-elle. « Croyez- moi, vous verrez », répond-il avec un sourire, puis, estimant le débat clos, replace ses écouteurs sur les oreilles, sélectionne un nouveau morceau de musique sur son iPod et replonge dans son attitude d’autiste. À l’arrière de l’avion, les esprits s’échauffent. Les cris sont bientôt étouffés par les invectives des passagers et des doigts accusateurs se pointent en direction des trois sièges qui jouxtent les toilettes. Le commandant de bord, après s’être assuré qu’aucun passager ne nécessitait d’évacuation sanitaire, reprend les choses en main, tance les plus belliqueux et, exaspéré, s’en retourne à son cockpit. « Nous avons perdu assez de temps ! », lance-t-il. Nous partons maintenant.

Chacun réajuste sa ceinture, une hôtesse énonce les consignes de sécurité. Le silence se fait. Les lumières s’éteignent. L’avion roule lentement. Il se place en bout de piste prêt au décollage. Les réacteurs rugissent. Il s’envole. Chloé, rattrapée par une impitoyable réalité, regarde au loin par le hublot. À l’arrière de l’appareil, une femme, un foulard multicolore noué négligemment sur la tête, est assise menottée entre deux policiers en civil. Et elle pleure.

Pour la journée de la lecture

 La lecture aide à vivre dit-on car elle fait du bien à l'âme et déjà à l'entrée de la bibliothèque d'Alexandrie on pouvait y lire « Trésors des remèdes de l'âme ». Si des siècles plus tard, je reprends cette inscription, c'est qu'au fond, les vertus de la lecture sont toujours réelles et qu'elles nous apportent réconfort, douceur, force et courage.

Si loin qu'on remonte dans l'histoire, lire c'est découvrir, apprendre, comprendre, mais il ne faudrait pas oublier ses vertus thérapeutiques qui sont aujourd'hui reprises et même prescrites par certains médecins. Ainsi la bibliothérapie « soigner par le livre » se développe de plus en plus en Angleterre, aux États-Unis et au Canada.

Au 19ème siècle, un médecin américain le Dr Benjamin Rush recommandait qu'on aménage dans les hôpitaux une petite bibliothèque à l'usage des patients et il recommandait particulièrement les livres de voyage et les ouvrages aptes à distraire ou à amuser les malades. Après la seconde guerre mondiale, on prescrivait aux soldats souffrant de stress post-traumatique la lecture de romans.

Si on vit des épreuves, la lecture intense d'un ouvrage peut nous accaparer entièrement. On entre dans des vies intérieures et subtilement les choses se déplacent en nous. Une transformation s'opère en nous, une curiosité nouvelle s'installe et nous pousse à chercher des réponses à nos questions.
La lecture offre un torrent de bienfaits extraordinaire. Les expériences vécues par les personnages de fiction nous offrent un panorama immense des comportements humains, elle peut nous aider à changer des aspects de notre vie. Grâce au roman, nous pouvons entrer dans la tête d'un personnage et devenir ce personnage. Nous vivons une expérience cathartique. Notion chère à Aristote qui disait « la tragédie nous tient en haleine par la crainte et la pitié et c'est pour éprouver ces deux émotions que l'on se rend au théâtre ».

Quand on lit, à la différence de la télévision et du cinéma, ce sont nos voix qu'on entend. Ce sont nos visages, nos odeurs, notre décor, nos sensations qu'on imagine. On crée soi-même son film. On est tour à tour, acteur, réalisateur, metteur en scène et c'est une expérience unique et irremplaçable.

En cette journée internationale de la lecture je ne peux que rappeler son importance primordiale pour chacun de nous, sans distinction d'âge, de sexe, de couleurs, de milieux. Chacun doit pouvoir avoir l'accès à la lecture car qui que nous soyons, quelque que soit notre vécu, nos expériences, nos peines, nos douleurs ou nos joies, seule la lecture peut nous apporter la connaissance, la plénitude et la sérénité. Le livre est un univers magique qui repose sur les seules lettres de l'alphabet. Les mots nous permettent d'inventer, de rêver, de réfléchir, de vivre une diversité d'émotions, et dans un monde qui tend à se fissurer, la lecture ne demeure-t-elle pas plus que jamais, une source d'apaisement et de bonheur ?

mardi 17 janvier 2012

Voilà c'est décidé !


Voilà c'est décidé, à 10 000 m d'altitude, dans le vol Kenya Airways entre Paris et Nairobi, avec Andrine, une horrible gamine de 8 mois qui m'empêche de me reposer depuis que nous avons décollé, que faire d'autre, sinon utiliser ces heures à la réflexion, même si elle est entrecoupée par des cris stridents qui font monter en moi un fort désir d'homicide.
Soyons Zen, me dis-je, nous sommes en début d'année et je dois prendre de bonnes résolutions. Une idée s'impose avec force : Je vais enfin me mettre à  l'heure des réseaux sociaux ; vivre avec mon époque, moi qui ai toujours trouvé mille raisons de déserter les ordinateurs ou de ne les utiliser que pour des applications les plus basiques : lecture des courriels, recherches internet et écriture de textes. Certains d'entre nous, j'en suis sûre, auront décidé pour la énième année consécutive d'arrêter de fumer, d'autres de devenir fidèles (ce qui est moins fréquent) et bien moi, d'ouvrir un blog et, dans ma fébrilité, même d'essayer de le faire vivre.
Mais comment parler de soi sans tomber dans la béatitude, la mièvrerie ou pire l'auto satisfaction?
Mon mari qui est assis près de moi ne peut s'empêcher de jeter un coup d’œil dans ma direction et fait des efforts extrêmes pour ne pas couper mon élan, lui qui essaie depuis un an de me convaincre de l'utilité d'avoir mon blog !
Carl le trappeur
Je viens de passer des vacances de Noël merveilleuses au Québec où j'ai pu m'adonner à des activités que je qualifierai d'exotiques, tant elles sont inédites pour une personne qui habite au Burundi, petit pays africain niché en dessous de l'équateur, dont on ne parle pratiquement jamais que pour signaler quelques violences, assassinats ou tueries en série. Quel plaisir que de découvrir les promenades en chien de traîneau, même si vous vous retrouvez malencontreusement dans la neige les quatre fers en l'air, le traîneau sur vous et pire un mari qui dans sa chute vous a roulé dessus. Qu'à cela ne tienne, vous êtes euphorique car le froid vous monte à la tête et anesthésie vos facultés de discernement. Vous êtes recouverte de neige, les oreilles vous brûlent, mais heureuse vous souriez, vive les vacances ! Parmi les moments forts passés au Québec, je ne peux oublier notre visite avec Carl le trappeur, un authentique trappeur avec sa toque de David Crocket et sa chemise à carreaux rouges et noirs. Nous sommes touristes jusqu'au bout et son apparition hollywoodienne nous a conquis car notre trappeur est arrivé non pas en voiture comme nous, ce qui est d'une extrême banalité, mais sur sa moto neige. Dorénavant les pièges de belettes, de castors, de visons, de lynx, de renards et même d'ours n'ont plus aucun secret pour nous. Nous sommes devenus des pros de la trappe et la terrine d'ours mangée avec appétit dans un tipi, assis sur des fourrures nous a confortés que dans une vie antérieure où ultérieure nous avons été où nous serons trappeurs !

Comme autre souvenir qui enchante mon oreille jusqu'à présent, c'est sans doute le Messie de Haendel, interprété par l'Orchestre Philharmonique de Montréal. Que d'émotion ! Un public en liesse que se lève comme un seul homme au moment de l’Alléluia et des efforts surhumains pour retenir les larmes que vous sentez perler. Et puis, ce séjour c'est aussi et surtout la joie d'avoir passé ces fêtes avec des enfants que l'on ne voit, hélas, pas assez souvent. Dans ce vol qui me ramène à Bujumbura via Nairobi et Kigali, je réfléchis déjà, entre deux reprises de souffle de cette sale gamine, à nos prochaines vacances dans le grand Nord et la chasse à l'ours avec Carl me séduit assez (facile à dire quand on est à des milliers de kilomètres), mais avant, je pense que je vais m'offrir avec mon mari une petite escapade à forte poussée d'adrénaline dans le Sud Kivu, car avant les ours j'ai bien l'intention de rendre une petite visite aux gorilles. Rendez-vous bientôt !