Sans doute allez-vous croire, à la lecture de ce blog, que je passe plus
de temps à cotoyer les animaux que les humains. Sans doute n'avez-vous
pas tort car après la randonnée avec Carl le trappeur au Québec,
précédée quelques semaines plus tôt par une journée en bateau à Zanzibar
à la rencontre des dauphins, je décidais à mon retour à Bujumbura de
faire une petite escapade gorilles au Congo, puis, d'étendre ma
curiosité "animalière" au Kenya lors d'un safari au parc Tsavo.
Mon excitation est à son comble. Je pars à la découverte des big five.
Debout dans notre véhicule, la tête hors du toit ouvrant, je m'apprête à
vivre une grande expérience. Mais ce fut sans compter avec la pluie qui
s'est invitée pendant quelques minutes et qui m'a reléguée en simple
passagère scrutant les animaux derrière une vitre poussiéreuse.
Heureusement, les éléphants sont assez gros et assez nombreux pour ne
pas les rater mais quelle ne fut pas ma frayeur quand nous nous sommes
retrouvés sur la piste, coincés de part et d'autre par des éléphants
hésitants, accompagnés de bébés qui se demandaient s'ils allaient ou non
traverser devant nous. Sans être des experts des safaris, nous savons
qu'il ne faut jamais séparer un éléphanteau de sa mère et nous étions
prêts à attendre le temps qu'il fallait. Mais, notre chauffeur,
impatient, décide de forcer le passage. Réaction immédiate, les oreilles
des éléphants s'écartent, des adultes se dirigent vers notre véhicule
l'air pas amusé du tout et un autre décide de nous poursuivre, ses
longues défenses bien plantées et menaçantes. J'échange un coup d'oeil
avec mon mari. Lui d'habitude stoïque ne sourit plus, ne parle plus. Il
évalue le danger. Nous sommes les deux seuls passagers avec le guide et
le chauffeur. Rien de plus facile pour un éléphant que de renverser
notre véhicule et le piétiner. Nous ne pouvons plus faire marche
arrière. Notre salut est d'avancer mais comment avec cet éléphanteau
surveillé de près par sa mère et qui décide de traverser seul. Face au
danger, je baisse la tête, ferme les yeux et joins les mains. Je n'ai
hélas pas de chapelet. Le chauffeur fait rugir le moteur, élance la
voiture pour distancer l'éléphant qui nous suit. La voiture frôle
l'éléphanteau, part de droite à gauche, se stabilise au milieu de la
piste et un épais nuage de poussière rouge vient se coller au pare-brise
et aux vitres. Je relève la tête quand tout est terminé. Dieu soit
loué, nous sommes encore en vie.
Les girafes, les zèbres et les antilopes présentent nettement moins de
danger, c'est sûr, mais la lionne que nous avons vue, nonchalamment
couchée sous un arbre non loin de sa progéniture fut photographiée avec
zoom, vous l'aurez compris. Pas de léopards, pas de rhinocéros, mais des
milliers de buffles que nous avons gardés à distance puis des babouins
de toutes les tailles, des autruches aussi hautes que notre véhicule et
plein d'autres animaux parfois inoffensifs dont j'ai déjà oublié le nom.
Ce fut encore une très belle visite, mais je pense que maintenant, après
tous ces animaux plus ou moins sympathiques, j'aspire dorénavant à voir
de bonnes grosses vaches dans les verts pâturages français.
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