vendredi 2 mai 2014

RD-Congo, Sud Kivu : Gorilles dans le flou

Difficile quand on est de passage à Bukavu de ne pas céder à la tentation "gorilles" au parc de Kahuzi Biega. Si il y a quelques années, nous faisions encore partie des rares privilégiés à les voir, aujourd'hui, les gorilles sont devenus un lieu de pèlerinage pour les touristes et les habitants de Bujumbura, expatriés principalement.

Le parc de Kahuzi-Biega qui tire son nom des deux monts qui culminent dans cette immense forêt du Kivu où rappelons-le furent délogés les pygmées, abrite les gorilles de plaines dorénavant protégés contre les principaux prédateurs qui sont les hommes. Auparavant, soit ils étaient abattus pour être mangés, soit toute la famille était massacrée pour voler un bébé qui allait être acheminé dans un zoo. Aujourd'hui des efforts sont entrepris pour les habituer à la présence humaine, tout en maintenant des distances elle, afin de les rendre moins vulnérables. Imaginez des bébés gorilles qui viendraient nous sauter dans les bras !

Pour voir les gorilles des mesures de protection sont à respecter : rester au moins à 7 mètres d'eux, (à notre dernière visite nous étions à moins de 2 mètres), se couvrir le nez et la bouche pour ne pas les contaminer, (il n'en fut rien, personne ne reçut de masque) et surtout, par jour, le nombre de touristes pour les visiter ne devrait pas excéder 7 personnes. Et c'est là que le flou s'installe autour des gorilles et que l'on vend aux touristes des familles de gorilles fictives.


A ce jour, une seule famille, celle de Chimanuka, peut être approchée. Une deuxième est encore en cours "d'apprivoisement" et un mâle chassé quand il est devenu adulte vient de trouver une femelle mais n'a pas encore commencé à se reproduire. Samedi 26 avril, quand nous arrivons pour la visite 6 véhicules 4x4 aux plaques internationales sont soigneusement garés avec des touristes dans les starting block. Le premier groupe part et nous, les derniers arrivés, avec deux autres jeunes filles, allons voir une autre famille gorille dont le nom nous est parfaitement inconnu. Bien sûr, à notre retour à l'hôtel nous avons mené notre enquête pour savoir qui étaient ces nouveaux gorilles sortis de nulle part.

Le numéro semble ma foi bien rôdé. Pour les néophytes que nous sommes, rien ne ressemble plus à un gorille qu'un autre gorille. Alors, pour nous faire croire que nous allions visiter une nouvelle famille composée de 25 membres, on nous a promenés dans la forêt pendant plus d'une heure, le temps à l'autre groupe de terminer sa visite. A notre arrivée près des gorilles, le guide du groupe précédent nous rejoint, se confond en excuses et invente des problèmes d'interaction entre familles gorilles. Mais l'interaction se serait-elle pas plutôt entre les touristes que l'on balade pour qu'ils ne se rencontrent pas et que l'on abuse en racontant n'importe quoi ? Si ma précédente visite m'avait séduite, celle-ci me laisse un goût amer et un conseil, si le guide exige un pourboire, sans vergogne, comme il l'a fait avec nous, refusez de lui donner et mettez le directement la "tip box" à la réception car sinon les pisteurs pygmées qui nous accompagnent ne recevront rien ! A la fin de la visite on a demandé à chacun d'être l'ambassadeur du parc de Kahuzi-Biega. Désolée, mais cette fois-çi, je ne le serai pas !

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