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Les Santoire, une famille paysanne aisée, est en voie d'extinction, après quatre générations. La ferme est grande, trop grande, pour une famille petite, de plus en plus petite, rabougrie, tassée et recroquevillée sur elle-même. Elle se meurt en lançant des regards aux voisins, les Lavigne, qui vivent, rient, entreprennent, se reproduisent, font du bruit et dont les femmes portent des couleurs vives.
La famille Santoire agonise dans son Auvergne natale et enterre ses membres. Les grands-parents d'abord, puis le père qui ne possédait rien et qui a été épousé pour sa force de travail : on avait besoin d'un homme costaud à la ferme, et le fils aîné, Pierre, le préféré de la mère, malgré les humiliations qu'il lui aura infligées. Il sera le seul à quitter la famille, pour une divorcée, mère de deux enfants, et pire encore, il choisira l'usine alors que la ferme avait besoin de ses bras vigoureux. Mais, il retournera dans la maison de famille, « entre les mains de sa mère, défait, puni et crucifié d'avoir trahi » pour y mourir d'une maladie dont le nom ne sera jamais cité.
A la mort du fils, la mère qui ne voulait pas se donner en spectacle allait peu sur la tombe, mais elle « se retirait dans la chambre dont les volets restaient fermés ». Priait-elle ? Pleurait-elle ? Elle mourut à son tour, « la bouche mince fermée sur les secrets de maison » et laissa les deux derniers descendants de la famille Santoire, ces deux autres enfants à l'âge déjà avancé, Jean et Marie, transparents et inodores. Leur vie est rythmée par les repas, le journal que Jean lit chaque matin et les prospectus publicitaires que Marie épluchent et classent sur une étagère, car jamais elle n'achètera quoique ce soit. Et, il y a les heures qu'ils passent à regarder par la fenêtre, les voisins d'en face, plus vivants et prolifiques que jamais. Modernes, travailleurs inventifs et ambitieux, ils ne cessent d'agrandir leur propriété et attendent que « Les derniers Indiens » rendent l'âme pour s'approprier terres, maison et tout ce que la famille Santoire aura accumulé pendant des décennies.
Ce livre magnifiquement écrit est un contraste bouleversant entre cette famille qui s'éteint, drapée dans ses convenances et ses principes et qui aura vécu toute sa vie à l'ombre d'elle-même et les voisins, résolument modernes qui entreprennent réussissent et vivent.
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