Je sais, le titre va vous faire frémir et je vous imagine déjà vous offusquer par ce jeu de mots qui peut sembler inapproprié dans un pays encore marqué par la discrimination raciale. Et pourtant, après mon premier séjour dans ce pays aux magnifiques paysages, je rentre à Bujumbura avec un sentiment mitigé. Tout n'est pas blanc, tout n'est pas noir.
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La place Nelson Mandela à Sandton |
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Notre hôtel à Sandton |
Sur les conseils avisés d'amis africains, noirs, nous avons réservé une chambre dans la banlieue résidentielle de Sandton. Une résidence 5 étoiles tenue par un couple Sud Africain, blanc, charmant, disponible qui, comme tous ses voisins, vit dissimulé derrière de hauts murs sur lesquels on lit "armed response". Dans les rues, pas de trottoirs, ce n'est pas utile, personne ne marche. Tous les propriétaires de ces grandes demeures se déplacent dans de grosses voitures, souvent allemandes, et les rares piétons que l'on croise sont les nannies, les cuisiniers ou les jardiniers qui, à leur descente du travail, courent derrière un taxi-bus blanc pour rentrer chez eux, là où le soleil ne se réfléchit non pas sur l'eau de la piscine, mais sur la tôle ondulée de leurs baraques. Ces images, je les croyais à jamais enterrées et pourtant je les ai revues. Bien sûr, j'ai voulu savoir si dans cette belle banlieue, on pouvait trouver quelques personnes aux caractéristiques physiques moins européennes. "Mais oui, if they are educated and can afford it", m'a répondu la propriétaire du lodge qui venait de m'expliquer, avec des trémolos dans la voix, combien elle avait aimé sa nanny quand elle était enfant et combien la ségrégation raciale avait été une hérésie.
Des noirs dans les quartiers huppés, même peu nombreux, tant mieux, la réconciliation raciale est donc en route, mais pourquoi dans les townships (et pas dans tous), les seuls blancs que l'on voit sont des touristes tenus de suivre un parcours parfaitement balisé ?
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...avec des clicks dans son nom
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Notre guide á Prétoria |
Nos visites de Jo'burg et de Prétoria se sont déroulées avec des chauffeurs d'origine Zoulou ou Xhosa, drôles, pleins d'humour, pour nous expliquer une histoire qui ne l'était pas. De la haine, je ne l'ai pas perçue, mais des questions qu'ils nous renvoyaient, pour nous obliger à réfléchir et à découvrir un quotidien, leur quotidien, où les inégalités et les écarts sociaux annihilent toute lueur d'espoir. Et puis ce fut la visite de Cape Town, les taudis près de l'aéroport que l'on dépasse à toute allure et que notre guide, une sexagénaire boer, n'osait à peine nous montrer. Une image dégradante pour une ville où des maisons d'un luxe insolent surplombent la mer. Ce pays immense, où des efforts ont déjà été entrepris pour réserver des emplois à compétence égale aux noirs, pour construire des habitations, pour assainir les townships en favorisant l'accès à l'eau et en multipliant les toilettes publiques par exemple, me donne l'impression d'être encore un pays en transition, qui se développe à deux vitesses et où la nation arc en ciel s'observe mais ne communie pas.
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Musée en hommage à la résistance des élèves en 1976 |
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SOWETO encore et toujours |
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SOWETO la rue Vilakazi
des deux prix Nobel Desmond Tutu et Nelson Mandela |
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quartier moderne de SOWETO |
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SOWETO maison construite
jadis par le gouvernement |
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