mardi 1 janvier 2013

Metin Arditi: Prince d'orchestre


Quand nous partons en voyage pour de longs mois, nous sommes toujours confrontés au terrible dilemme : quels livres allons nous glisser dans notre valise. Bien sûr, il y a les prix littéraires, les incontournables des rentrées littéraires et puis, il y a ceux que vous découvrez.
Pour moi, le roman de Metin Arditi fut une très belle rencontre avec un monde musical que je ne connaissais pas ou si peu. Malgré la beauté des opéras qui accompagne la lecture du roman, nous découvrons la fragilité d'un chef d'orchestre trop brillant, trop exigeant, trop génial sans doute, dont l'assurance du début se craquelle au fil des pages. Une vie où les projecteurs s'éteignent pour illuminer son rival.
La déchéance d'Alexis Kandilis, que nous découvrons dans les premières pages au sommet de sa gloire, m'a été à plusieurs moments, insupportable. Et si ce n'avait été le talent de l'auteur, je crois que j'aurais définitivement fermé mon livre. La fin est inéluctable, on la devine, on la sent, on la vit. On voudrait changer le cours des choses, mettre en garde ce chef d'orchestre hanté par des traumatismes qui se dévoilent au cours du livre, suspendre cette mélodie qui s'impose à lui, qui s'impose à nous et qui rythme sa descente aux enfers. Il est célèbre, certes, mais tellement humain dans sa vulnérabilité.
Sa rencontre avec Menahem qui se rend chaque jour au chevet de son fils plongé dans le coma est magnifique et quand au piano, le maestro Kandilis interprète "les chants des enfants morts" de Gustav Mahler pour ramener cet enfant à la vie est absolument sublime. Le secret qui l'a toute sa vie taraudé revient à la surface. La musique ne pansera pas ses plaies, et, alors que sa mort se rapproche, un enfant revient à la vie. Quel intéressant paradoxe ! Un livre bouleversant, à lire.

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