Fatiguée, j'arrive à l'aéroport de Lyon St Exupéry en
provenance de Bujumbura. Le vol a décollé avec près de trois
heures de retard et je n'ai qu'une seule hâte, prendre le
premier train pour Avignon et arriver chez moi pour me reposer
quelques instants avant le mariage. Après avoir attendu en
vain ma valise qui est restée à Bruxelles, je décide de ne pas
perdre plus de temps et je me rends directement à la gare TGV de l'aéroport. Il est déjà midi. Les passagers vont et
viennent. Certains scrutent les tableaux de départ, d'autres,
assis, attendent patiemment leur train. A quelques mètres
d'eux, une femme d'une trentaine d'années, noire, l'air abattu, attire
mon attention. Elle erre dans le hall de la gare. Elle
avance, recule, hésite. Elle ne sait où aller. Elle semble
exténuée. D'énormes cernes creusent son visage. Intriguée, je
m'approche d'elle pour lui demander si elle a besoin d'aide.
La gare tgv St Exupery; image: es.wikiarquitectura.com |
Pour essayer de régler son problème rapidement dans une France
que je connais, je lui demande de me suivre, -non pas parce
que j'ai la bonne couleur-, mais j'ai au moins l'habitude de
me frotter à mes concitoyens. Des regards réprobateurs
commencent à nous scruter, le préposé de la SNCF pour se
débarrasser de nous, nous propose une solution onéreuse,
inacceptable pour la jeune femme. Il faut dire qu'en même
temps, il commente au téléphone avec un collègue, les numéros
gagnants du loto. Pendant trois quarts d'heure, on nous a
baladées d'un endroit à l'autre, du comptoir SNCF au comptoir
OUIGO en sous sol à côté des toilettes, avec comme seul
interlocuteur un interphone et une voix. Jamais je n'aurais pu
imaginer une telle indifférence. Des vigiles nous ont indiqué
des personnes que nous n'avons jamais trouvées. Enfin, après
avoir tourné en rond assez longtemps, je décide, excédée, de
retourner au comptoir SNCF pour trouver une solution. Le
"lotoman" avait disparu, il était l'heure du déjeuner, et il
était remplacé par une femme qui après avoir entendu le
calvaire que venaient de vivre la passagère et son fils, a
immédiatement accepté de changer les billets de train, sans
pénalité.
De soulagement, la jeune femme s'est mise à sangloter et a
remercié Dieu. Nous avons voyagé ensemble jusqu'à Avignon.
Aujourd'hui je pense encore à elle et je l'imagine à
Marseille. J'espère qu'elle passe un bon séjour et je suis
sûre que sa mauvaise expérience se sera dissipée dès qu'elle
aura soulevé le couvercle de sa glacière et qu'elle aura
partagé avec sa famille quelques douceurs des Comores.
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