L'heure est venue de donner votre
première Qinterview. Les lecteurs ont choisi de vous connaître
davantage. La Qinterview paraîtra sur la page Qindie.de et dans son
bulletin. Nous attendons vos réponses avec impatience.
Qui êtes-vous et que faites-vous
en termes d'auto-édition ?
Il est toujours difficile de se présenter soi-même et les
auteurs, sauf s'ils sont d'un extrême narcissisme, écrivent pour ne
pas avoir à répondre à ces questions. La meilleure façon de me
découvrir est de lire mon livre. On a recours à l'auto édition,
non pas par choix, car chacun rêve de voir ses livres, hyper
médiatisés, en tête de gondoles mais par résignation.
Qu'est-ce qui vous a
décidé à publier vous-même vos livres ?
Quand on écrit un premier livre on montre parfois des signes
d'impatience et on a tendance à aller au plus facile parce que
trouver des éditeurs relève du parcours du combattant. Même avec
beaucoup de détermination, les refus ou la condescendance finissent
par avoir raison de vous et de votre obstination. Il s'installe aussi
en vous un doute qui relève du manque d'expérience et par
découragement ou par crainte de ne pas être édité, il est plus
facile de se réfugier dans l'auto-édition. C'est aussi une façon
de se protéger, de garder l'espoir qu'un éditeur connu aurait pu
accepter votre livre. Dans mon cas, j'avais signé un contrat avec
une maison d'édition qui s’avérait être une maison d'arnaqueurs.
Quelles sont
vos expériences passées avec l'auto-édition ?
C'est ma première expérience. Sortir
de l'anonymat parce que les lecteurs de Qindie ont voulu me connaître
davantage me semble déjà très encourageant car la concurrence est
rude et que le nombre de livre auto-édités ne cessent de croître.
Que pensez-vous
problématique dans l'auto-édition ?
Ce qui est sans doute le plus frustrant
dans l'auto-édition est l'anonymat. Il est difficile de sortir du
lot, d'être médiatisé, d'avoir de bonnes retombées car tout le
monde se déclare auteur. Chacun pense avoir une histoire géniale à
raconter avec un style, des tournures, des mots qui ne sont pas
toujours appropriés à la littérature. Je pense qu'il faudrait une
meilleure sélection. Il est d'autre part impératif de faire lire et
corriger ses livres par des professionnels pour ne pas tirer le
niveau des romans auto-édités vers le bas.
Qu'est-ce qui
vous semble utile pour résoudre le problème ?
Qindie est déjà une belle alternative
puisqu'elle décerne des labels de qualité aux romans qui le
méritent. Au moins le lecteur sait que tous les romans avec le sigle
de Qindie ont été lus et approuvés par un comité de lecture et
que ces romans sont correctement écrits. Maintenant, une fois que
les livres ont été sélectionnés et que de surcroît ils plaisent
aux lecteurs, il serait souhaitable que Qindie par exemple suivent
ces auteurs pour les promouvoir comme vous avez déjà commencé en
donnant la parole à certains auteurs et en proposant le
téléchargement gratuit de leur livre. Pour un auteur il est
important que son livre soit lu. Les retombées financières ne sont
qu'aléatoires.
Pourquoi
choisissez-vous délibérément le chemin ardu de l'auto-édition ?
Je crois avoir déjà répondu à la
question. Le chemin difficile peut s'avérer à un moment être le
plus facile. En ce qui me concerne, j'ai résilié mon contrat avec
ma maison d'édition, car je n'étais pas satisfaite. Le livre était
trop souvent en rupture. Comme je voulais que le livre continue à
être publié et soit disponible pour répondre à la demande, j'ai
choisi de l'auto-éditer. Le format, les caractères, le papier, la
couverture, tout existait déjà. Il ne m'a donc pas été difficile
de « switcher ». Pour les autres livres, il est évident
que je m'y prendrai différemment car j'aurai déjà eu mon
expérience.
Qui sont vos
lecteurs test et pourquoi eux ?
Mon mari, des amis au sens critique
exacerbé et, quand le livre a été retravaillé, des lectrices
professionnelles pour avoir un feedback professionnel ou une
traductrice de livres. Il faut que le livre soit parfaitement clair
et les mots extrêmement précis pour pouvoir le traduire et les
commentaires d'une traductrice me sont précieux.
Avez-vous déjà
eu une rencontre avec un fan qui vous a inspiré une idée?
Plutôt un détracteur car même si
vous n'êtes pas d'accord avec ce qu'il vous dit, il en reste
toujours quelque chose. L'un d'eux m'a donné l'envie de l'intégrer
dans un prochain roman. Les détracteurs sont parfois des personnages
intéressants par leurs contradictions, leurs propos erronés, et
quand vous cherchez derrière, vous découvrez de vrais personnages
de roman.
Vous
arrive-t-il parfois que les personnages fassent ou disent autre chose
que ce que vous avez prévu?
Bien sûr et cela provoque parfois une
rupture dans l'écriture qui peut durer assez longtemps. Parfois les
personnages vous éblouissent dans leur répartie parfois vous les
détestez.
Comment s'est
changée votre vie quotidienne au cours de l'écriture?
Je ne peux pas dire que ma vie
quotidienne a changé. Je suis peut-être plus attentive à ce qui se
passe autour de moi car en fait tout peut être utilisé dans
l'écriture d'un roman. La mémoire a une capacité à garder et à
classer les informations qui est absolument extraordinaire. Je suis
toujours surprise de voir ce qui peut rejaillir de ma mémoire. Cela
me fascine littéralement.
Que faites-vous
quand vous n'écrivez pas ?
Pour moi la vie ce n'est pas que
l'écriture, c'est lire, aller aux spectacles, aux concerts,
rencontrer des amis, passer du temps avec les personnes que j'aime,
flâner, voyager et jouer au golf.
Qu'est ce qui
vous a conduite à l'écriture? Par qui ou quoi ?
C'est un désir que je nourris depuis
longtemps, que j’avais commencé à concrétiser quand j'étais
beaucoup plus jeune et que j'avais abandonné. Comme je suis
journaliste, il est toujours très facile de sauter le pas et de se
lancer dans l'écriture d'un livre qui peut-être un roman ou autre.
Mon rédacteur en chef à Dakar m'avait suggéré d'écrire un livre,
puis des amis. Mais, celui qui eut gain de cause est mon mari qui a
su me donner confiance en moi, car écrire un roman est un travail de
longue haleine. Pour m'encourager, il m'avait cité l'exemple du
faucheur qui regardait chaque soir derrière lui ce qu'il avait
fauché et jamais devant pour ne pas être découragé. Un jour, à
force de persévérance, il s'était retrouvé de l'autre côté du
champ. C'est le moment où vous taper le mot fin de votre roman.
Qu'aimez-vous
dans l'écriture et qu'est-ce que vous aimez le moins ?
J'aime la liberté qu'offre l'écriture
mais beaucoup moins la discipline qui est indispensable. Écrire un
livre c'est beaucoup de travail, beaucoup de stress. Il y a des
moments de perte totale de confiance car votre histoire n'avance plus
ou que votre style s'égare. Parfois, vous ne pouvez même plus
rédiger une phrase correctement. Vous avez envie de pleurer et le
doute qui s'installe en vous peut vous poursuivre longtemps :
plusieurs semaines ou plusieurs mois. La fragilité de l'écriture
m'effraie aussi. Il ne faut rien pour bloquer votre écriture. Et
cela peut arriver à n'importe quel moment. Écrire vous rend
vulnérable. Vous ne pouvez pas écrire sans dévoiler une partie de
vous-même, et les critiques sont parfois des coups de poignard dans
votre ego.
Comment gèrent
ton conjoint / ta famille ta "folie d'écriture" ?
Je ne suis pas atteinte de folie
d'écriture. Mon conjoint me soutient. Un peu trop parfois et nos
enfants me jugent souvent trop dure dans mes écrits.
Qu'aimez-vous
lire? Quel genre? Quels sont vos auteurs préférés ?
J'aime les policiers quand je suis
fatiguée. Sinon, j'aime les romans (Toni Morrison, Ken Folliett,
Paulo Coelho, Mariama Bâ, Tahar ben Jelloun, Metin Arditi, Philip
Roth, ... ) et quand le moral flanche : Sénèque.
Lorsque tu lis
un livre, tu le lis comme une personne lambda ou comme un auteur ?
Je lis un livre comme n'importe quel
lecteur car c'est avant tout un plaisir, mais parfois je me surprends
à prendre des notes quand certains passages me séduisent car j'ai
toujours un crayon et un papier à côté de moi. J'aime être
séduite par les livres que je lis aussi bien par le fond que par la
forme. Je trouve qu'il y tellement, tellement d'auteurs talentueux
que je doute encore plus de moi. A d'autres moments, j'ai
l'impression de perdre mon temps, parce que le livre est
inintéressant, (les histoires sont parfois d'une rare nullité)
redondant, et que le style se veut précieux. Dans ce cas,
j'abandonne, car il y a trop de bons livres à lire sans perdre mon
temps avec la médiocrité.
Quel livre
aurais-tu aimé avoir écrit toi-même ?
...Difficile à dire, Il y a beaucoup
d'auteurs que j'aime et que j'admire pour leur style et leur
imagination. Mais je pense que j'aurais aimé écrire de la poésie
comme Rimbaud, Eluard ou Verlaine car pour moi la poésie est un
exercice extrêmement difficile et un beau poème est un baume pour
l'âme.
Quelles sont
les critiques que tu as le plus aimées ou qui t'ont le plus
contrariée ?
La critique positive est sans doute
celle où l'on m'a dit que mon livre était trop court et que les
derniers chapitres étaient trop rapides car ces lecteurs se
sentaient frustrés de terminer mon livre aussi rapidement. Pour moi
ne pas avoir envie de terminer un livre est un immense compliment. Ce
qui m'énerve, en revanche, ce sont les critiques souvent non fondées
qui émanent de personnes qui n'ont jamais rien écrit, qui ont des
avis sur tout, qui expliquent votre livre mieux que vous, l'auteur,
avec une absence de sensibilité déconcertante.
Quel est ton
prochain projet ?
J'ai déjà un autre roman qui est
pratiquement terminé et je travaille actuellement sur un livre qui
sera constitué de portraits de personnes vivant au Sud-Kivu en
République Démocratique du Congo. Cette région a longtemps été
une zone de guerre (et l'est encore parfois), mais la population est
là avec ses histoires, ses sourires et ses larmes.
Où est-ce qu'on te trouve sur
l'Internet?
Sur facebook, mon blog et si vous voulez sur google "Ahyi-Hoesle"
pour les retombé méditiques au moment où j'avais présenté mon
roman au Sénégal, au Laos, sur RFI et au Rwanda.
https://www.facebook.com/pages/V%C3%A9ronique-Ahyi-Hoesle/576675549072165
http://ahyi-hoesle.blogspot.com
http://www.rfi.fr/emission/20101214-1-veronique-ahyi-hoesle/
http://www.newtimes.co.rw/news/index.php?i=14974&a=52894